Photo : Riad Par Smaïl Boughazi En dépit des progrès enregistrés dans les différentes filières agricoles, l'Algérie dépend toujours de l'importation d'une partie de ses besoins alimentaires. En 2009, la facture a frôlé les 4 milliards de dollars. Cependant, malgré cette dépendance, certaines filières ont pu, un programme de développement pointu aidant, satisfaire les besoins du marché local. Et la filière céréaliculture pourrait servir d'exemple, grâce notamment à la récolte record réalisée en 2009. Ce n'est pas le cas des autres filières, malheureusement. Notre pays importe aujourd'hui des quantités considérables de fruits et légumes. Les importations de fruits en valeur sont passées de 12,03 millions de dollars en 1996 à 105,41 millions dollars en 2007 et en quantité de 9 000 à 2 656 000 quintaux. Durant cette période, la banane représente presque 3/4 de l'ensemble des importations, c'est-à-dire une valeur moyenne de 37 millions dollars/an sur un ensemble de 52 millions dollars/an, selon les chiffres du Centre national d'informations et statistiques (CNIS). Les importations de légumes aussi sont passées de 64,8 millions de dollars en 1996 à 158,4 millions en 2007 et en quantité de 2,1 à 2,7 millions de quintaux. La production a également connu une augmentation puisque, toujours selon les statistiques, la production fruitière a connu ces dernières années une dynamique d'extension des superficies (augmentation de l'ordre de 53% entre les campagnes 1996 et 2006). Elle a également connu une évolution quantitative de la production en moyenne de 100% entre 1996 et 2006. Pour les légumes, la superficie totale consacrée à la production a connu une augmentation notable, passant à 337 807 hectares. La production moyenne de légumes, entre 1996 et 2006, est de 35,72 millions de quintaux ; 14,38 millions de quintaux, pour la pomme de terre, soit 40% de l'ensemble de la production. Bien que les chiffres parlent d'eux-mêmes, les spécialistes de la filière ne cachent guère que le sous-développement qui caractérise cette filière est dû, entre autres, à la non-maîtrise de la qualité. Ainsi, on recommande sur ce registre, pour le cas des fruits, d'effectuer des analyses multicritères relatives au poids (calibre moyen), à la fermeté (mesure de la force maximale de pénétration), à la teneur en sucre, à l'acidité et à la jutosité. En outre, des laboratoires automatiques de contrôle permettraient de tester les fruits avec une précision non tributaire des aléas liés aux mesures effectuées manuellement et, surtout, de fournir des résultats sous forme de «fiche d'identité» des produits testés. Les recommandations des experts Quant aux légumes, «il s'agira plutôt de détecter les défauts chromatiques et morphologiques et de supprimer les corps étrangers et les matières végétales étrangères», souligne un expert. On explique dans le même ordre d'idées qu'«aucun indice de qualité n'est établi en Algérie, ni en fonction de la spécificité du produit ni même en fonction du marché auquel il est destiné». Ce qui provoque, selon les spécialistes, «des pertes estimées à plus de 30% de la quantité des produits manipulés le long de la chaîne logistique chaque jour». Ces pertes pourraient être expliquées notamment par l'absence de traçabilité de la chaîne du froid (technologie permettant de prédire la durée de vie des produits alimentaires, l'absence de normes de conditionnement et d'empilement et la non-respect des dates limites de cueillette ou de récolte, affirme-t-on. Il faut dire que le secteur agricole a enregistré une évolution considérable durant ces dernières années (accroissement des superficies et des rendements), cependant, notre pays importe toujours des fruits et des légumes. Selon les mêmes statistiques, en 2007 l'Algérie en a importé 70 000 tonnes pour une valeur de 373 millions de dollars. Pour remettre de l'ordre dans cette filière, qui peut contribuer amplement à la sécurité alimentaire du pays, les spécialistes recommandent un certain nombre de conditions. En effet, on estime que des cahiers des charges doivent être établis pour constituer la base pour la signature de contrats tout au long de la chaîne «clients-fournisseurs». La filière doit être aussi conçue comme étant une chaîne de valeur. Pour l'amélioration de la productivité, on préconise notamment l'innovation de produit (semence à haut rendement), l'innovation de procédé, le plein-emploi des actifs, les efforts d'analyse et de contrôle des coûts, la motivation du personnel, les effets d'échelle et d'apprentissage, et ce, grâce aux partages de ressources, aux transferts de savoir-faire, aux effets de gammes ou d'image propres aux entreprises coopératives agricoles de production et de distribution. Sur un autre registre, on considère que «le savoir-faire managérial doit être impérativement développé le long de la filière fruits et légumes, car intimement lié aux progrès technologiques». On explique sur ce point précis que «le recours à des technologies plus productives induit une diminution du coût unitaire de production. Et le renouvellement rapide du portefeuille technologies, rendu possible par un taux d'utilisation élevé des équipements, permet de bénéficier des matériels les plus performants».