Résumé de la 19e partie n Le lieutenant propose à Kassi qui tremble son aide pour tirer sur le général, il réussit à tirer une première fois, mais après cela il retombe épuisé... Un court instant s'écoula : puis on entendit un cri d'angoisse. Le Prussien ouvrit les bras, vacilla et retomba le nez sur le pommeau de la selle. On se précipita pour le soutenir ; ses officiers se jetèrent à terre : trop tard ! il était mort Il y eut, parmi cette armée victorieuse, un moment de stupeur. Puis ce furent d'horribles imprécations, des cris de menace et de mort, des courses folles dans le camp, les faisceaux jetés à terre et quelques coups de fusil lancés au hasard. Le tirailleur, immobile comme une statue sur une charbonnière abandonnée, ricanait. Mais les officiers prussiens avaient repris leur calme. Sous leurs commandements brefs, la troupe se forma face au ruisseau et au bois, les armes se chargèrent méthodiquement et l'on se tint prêt à résister à l'attaque que l'on supposait avoir à craindre. Alors Kassi, se rappelant la coutume berbère, tira un coup de feu en l'air pour indiquer à tous qu'il prenait à son compte et à celui de sa karouba le meurtre du général, et que le prix de la mort d'Ali ou Kassi était soldé. Il se tourna vers l'Est, et sa voix grêle retentit en se prolongeant: — Louange au Dieu de Mohamed, le Prophète illettré Close la rekba de Kassi Guiril sur les chiens de Prusse La vue de cet homme seul qui les narguait, exaspéra les ennemis. Un roulement de tonnerre retentit, répondant à la bravade du tirailleur. Toute la ligne venait de faire feu. Kassi se sentit atteint à la poitrine. Il descendit en chancelant de son tertre, se dirigea du côté où gisait son ami évanoui, et, tombant sur lui, exhala son dernier soupir Pendant longtemps, malgré les cris des officiers, les Prussiens continuèrent le feu sur le bois qui n'en pouvait mais. Lorsqu'on put arrêter la rage du soldat, on envoya des éclaireurs ; ceux-ci ne trouvèrent, au lieu de l'armée ennemie, que deux cadavres criblés de balles. C'étaient ceux du mobile gigantesque et du vieux tirailleur, les deux inconsolés, réunis dans la mort qu'ils désiraient. Ils avaient eu de belles funérailles.