Remède n Louable initiative que celle prise par la radio nationale, mardi, de consacrer toute une journée pour débattre d'un sujet sensible et d'actualité : la violence dans et autour des stades. Toutes les chaînes de la radio nationale se sont mobilisées comme un seul homme pour faire de la violence, dans et autour des stades, un fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur dans notre société, le fil rouge de cette journée à travers plusieurs plateaux et émissions qui, une fois n'est pas coutume, ont abandonné leurs programmes habituels pour se consacrer à une bonne cause. Du coup, la radio a pris une autre dimension et est au cœur du problème en ratissant large auprès de toutes les franges de la société afin d'amener tous ceux qui sont concernés directement ou indirectement par le sujet à débattre, à analyser et à exprimer des solutions concrètes. Et le coup d'envoi de cette journée de mobilisation a été donné dès les premières heures de la matinée par El-Hachemi Djiar, ministre de la jeunesse et des sports, dans «L'invité de la rédaction» de la Chaîne III, avant de passer quelques heures plus tard sur le plateau d'El-Bahdja en compagnie d'autres personnalités et invités pour disserter en long et en large sur ce phénomène. Plusieurs acteurs et spécialistes (footballeurs, dirigeants, entraîneurs, cadres du MJS et de la Djsl, responsables de stades, représentants de la DGSN, psychologues, sociologues, journalistes, supporters ou simples citoyens) se sont relayés pour rejeter en bloc ce qui se passe dans nos arènes sportives et leurs alentours, avant et après chaque match de football. Car c'est ce sport, ce phénomène de sociétés modernes, qui déclenchent toutes les passions et toutes les dérives. Quoi de plus poignant que ce témoignage de cette mère éplorée qui a failli perdre son fils de 15 ans qui, lors du dernier match entre le MC Alger et la JS Kabylie au stade Omar-Hamadi de Bologhine, a vécu une mésaventure qu'il n'est pas près d'oublier de sitôt. Pris dans l'ambiance du stade et la passion qui le dévore pour son club, le Mouloudia d'Alger, cet adolescent a été victime d'un mouvement de foule déclenché par un autre supporter, ayant brandi un couteau, ce qui a provoqué l'effondrement de balustrade d'une tribune. Fort heureusement, il n'y a pas eu de victimes ce jour-là – que de blessés –, contrairement à ce qui s'est passé dans les années 1980 lors de l'effondrement d'une toiture du stade du 20-août-1955 à la suite d'un match MCA-NAHD où il y a eu des morts. Evacué à l'hôpital, le jeune supporter s'est vu prescrire trois mois d'incapacité physique avec toutes les conséquences qui en découlent (frais de traitement, absence aux cours et risque de compromettre l'examen de fin d'année sans oublier l'impact psychologique qui mettra du temps à se résorber). Le témoignage vivant et cru de cette maman ou de ce supporter harrachi qui a perdu un œil l'année dernière lors d'un déplacement à Réghaia ont bouleversé plus d'un auditeur ou d'un invité sur le plateau. La réalité de cette violence était décrite dans toute son horreur et sa bêtise. Les avis divergent l Evidemment, chacun des nombreux intervenants a expliqué les origines structurelles et profondes de ce mal qui prend son enracinement dans notre société où la violence est vécue sous toutes ses formes. A la décennie de feu et de sang qu'a traversée l'Algérie, au malaise social, aux problèmes socioéconomiques et psychologiques, au déchirement familial, à la femme battue, au kidnapping, aux agressions sexuelles, au banditisme, la violence dans le football n'est qu'une autre forme d'expression d'une société tourmentée qui se cherche. L'Etat interpellé l Pour ne pas s'arrêter simplement au constat, aux analyses, de la plus simpliste à la plus complexe, la plupart des intervenants ont abordé le volet propositions et solutions pour lutter contre ce fléau. La liste est longue et s'apparente à un véritable projet de société où l'Etat, à travers un certain nombre de ses institutions, et la société, elle-même, à tous les niveaux, sont interpellés et amenés à s'inscrire dans la durée pour endiguer la propagation de ce danger. Les solutions existent et sont nombreuses. Elles nécessitent des interventions à plusieurs paliers (famille, école, quartier, mosquée, clubs, mouvement associatif, comité de supporters…), de gros moyens (remise à niveau des infrastructures, construction de nouvelles enceintes plus grandes et plus modernes, prévention, formation des stadiers, télésurveillance…) et une médiatisation soutenue (presse écrite, médias lourds, Internet...). Soit un travail de tous les jours et de longue haleine, fait de patience et de sacrifices. Le temps n'est plus de savoir à qui incombe la faute de quoi, mais le temps est d'agir sur le terrain, rapidement et efficacement.