« Ce que les gens devraient se demander, c'est où seraient les prix si nous n'avions pas pris la décision en septembre, de réduire (la production) de 500 000 barils par jour et si nous n'avions pas décidé en octobre, de (la) baisser de 1,5 million de barils par jour», a déclaré Chakib Khelil qui estime que la dégringolade aurait pu être pire sans la dernière réduction de production. C'est pourquoi, il y aura d'autres baisses si nécessaire. C'est ce qu' a affirmé, hier, le ministre de l'Energie et des Mines et président de l'Opep, Chakib Khelil. M. Khelil s'exprimait en marge d'une conférence à Londres entre pays producteurs et consommateurs de pétrole. «Nous poursuivrons cette réduction jusqu'à ce que les prix se stabilisent», a-t-il indiqué à la presse. Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avaient décidé mercredi à Oran d'une réduction de la production de 2 millions de barils par jour. Cette baisse historique, la plus importante jamais décidée par l'organisation depuis 1982, n'a visiblement pas eu l'effet escompté, les prix du baril continuant leur dégringolade. Hier encore, le prix du baril de pétrole brut est tombé à 35,62 dollars à New York. Chakib Khelil ne pense néanmoins pas que les réductions décidées par l'Opep n'ont pas d'effet sur les prix. «Je pense que la question que les gens ne se posent pas, c'est où seraient les prix si nous n'avions pas pris la décision en septembre de réduire (la production) de 500 000 barils par jour et si nous n'avions pas décidé en octobre de (la) baisser de 1,5 million de barils par jour ?», a-t-il affirmé . «Les prix aujourd'hui seraient très très bas, donc je pense que nous avons eu un impact même si nous n'avons pas réussi à stabiliser» les cours, a-t-il ajouté. «Le plus important pour nous, les producteurs, c'est comment diriger, contrôler et réguler la spéculation financière qui affecte les prix du pétrole, que cela soit à la hausse ou à la baisse», a-t-il ajouté. «Nous pensons très fortement que ce qui s'est passé en 2008 et ce qui se passe actuellement est dû en grande partie à la spéculation», a-t-il ajouté. Le ministre saoudien du Pétrole a le même point de vue s'agissant de l'impact de la spéculation sur cette chute des prix. Ali al-Nouaïmi a, en effet, estimé, hier, à Londres, au cours de la même rencontre, que les prix du pétrole sont influencés par des facteurs spéculatifs. «Je continue à penser que des facteurs non fondamentaux (spéculatifs) continuent à avoir un impact sur les prix du pétrole, à la hausse comme à la baisse», a affirmé M. Al-Nouaïmi. Le ministre a pointé le «rapide et substantiel désendettement» des investisseurs qui a conduit à la baisse du prix «pas seulement du pétrole et des matières premières, mais de presque tous les instruments financiers». «Pour les producteurs, les prix actuels infligent des dégâts à l'industrie et menacent les investissements présents et à venir», a ajouté le ministre. Revenant de son côté sur les hauts et les bas du baril cette année, le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé à une plus grande stabilité des prix. «Une telle volatilité n'est dans l'intérêt de personne. Des fluctuations sauvages des prix de marché affectent les pays dans le monde entier, et font du tort pareillement aux producteurs et aux consommateurs», a-t-il dit. Les prix du pétrole avaient atteint des records historiques à plus de 147 dollars le baril à Londres comme à New York début juillet.