Le ministre de l'Energie annonce une chute des prix du pétrole dans les mois à venir. Après avoir déclaré il y a à peine une semaine que «les prix de l'or noir pourraient atteindre 60 dollars le baril d'ici à la fin de l'année 2009», le président sortant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole vient de révoir ses prévisions à la baisse. Les prix du pétrole qui viennent de céder près de 7 dollars, passant d'un peu plus de 54 dollars il y a une semaine à 48 dollars environ, devraient céder encore du terrain si l'on en croit les nouveaux pronostics du ministre algérien de l'Energie et des Mines. En effet, la demande mondiale de pétrole qui devrait se contracter de 1.200.000 barils par jour pour l'année 2009, le raffermissement de la devise américaine par rapport à sa rivale européenne, ont agi défavorablement sur le marché pétrolier comme l'a d'ailleurs très justement souligné le ministre algérien de l'Energie et des Mines. L'Opep a-t-elle donc mal apprécié et évalué le marché international du pétrole en décidant de maintenir inchangé son niveau de production actuel qui a atteint 24,84 millions de barils par jour. Le ministre algérien de l'Energie n'a-t-il pas parlé trop vite en annonçant que «l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a pu maintenir la stabilité des prix malgré le recul de la demande pétrolière mondiale», en faisant référence au recul de la demande de 1,2 million de barils par jour, qui devrait survenir au second trimestre de l'année 2009? La stabilité des prix du pétrole, qui a été attribuée à l'effritement du dollar par rapport à la monnaie unique européenne, est due aussi à «l'application continue» de la décision des pays membres de l'Opep de réduire leur production de 4,2 millions de barils par jour, selon Chakib Khelil. A peine quinze jours après la réunion de l'Opep qui s'est tenue le 15 mars à Vienne, la capitale autrichienne, le Koweït vient d'annoncer l'augmentation de sa production qui doit passer de 2,7 millions de barils par jour à 3 millions de barils par jour. «Nous avons la capacité de produire 3 millions de b/j. Et nous avons pour objectif d'atteindre 4 millions de barils par jour d'ici à 2020», a déclaré le P-DG du Koweït Petroleum (KPC), Saâd al Shwayeb, aux journalistes en marge du forum de l'énergie qui s'est tenu à Koweït. Le riche émirat pétrolier du Golfe, membre de l'Opep, envisage de porter sa capacité de production d'or noir à 3,5 millions de barils par jour d'ici à 2010. Une décision pour le moins surprenante surtout que, selon les informations en provenance de l'Opep, les deux décisions de réduction prises le 24 octobre à Vienne, en Autriche, et le 17 décembre à Oran, en Algérie, ne seraient appliquées qu'a 80%. C'est d'ailleurs une des raisons qui a poussé l'Opep à garder le 15 mars sa production inchangée, tablant sur une discipline de ses membres pour atteindre cet objectif. Le Koweït semble lui faire faux bond en décidant d'agir à l'inverse de l'organisation. Une autre voix discordante s'est élevée dans cette cacophonie ambiante: «Un baril de pétrole à 50 dollars est un prix raisonnable pour 2009 compte tenu de la crise économique mondiale», a déclaré récemment le ministre du Pétrole du Qatar, Abdallah al Attiyah. L'Opep milite ardemment pour un prix compris entre 70 et 90 dollars. Ahmed Ouyahia n'avait-il pas déclaré qu'avec un prix du baril à 50 dollars cela irait mal pour l'économie algérienne? La prochaine réunion de l'Opep prévue pour le 28 mai promet au moins d'être animée.