Résumé de la 3e partie n La route s'avère très rude vers le Groenland et il fait très froid, un litre de pétrole par jour leur permettra-t-il de tenir par une température pouvant atteindre -65 degrés Celcius ? Les jours passent. Le 21 septembre, qui marque officiellement le début de l'automne, les conditions climatiques dépassent largement, à la station côtière, les hivers les plus rigoureux qu'on peut connaître en France, et Alfred Wegener s'inquiète pour les professeurs Georgi et Sorge. Tout va peut-être bien pour eux, mais il est sans nouvelles à cause de l'absence de téléphone et il n'y tient plus. Il décide de prendre la tête d'une expédition qui va leur apporter du ravitaillement et du matériel supplémentaire, notamment du pétrole pour le chauffage. Il demande au docteur Loewe de l'accompagner, précaution indispensable, au cas où l'un des professeurs aurait des ennuis de santé. Tous deux prennent place à bord d'un des curieux véhicules propulsés par une hélice arrière. Pour l'assister, il a également avec lui douze Groenlandais, sur six traîneaux à chiens. Et les voilà en route pour ce trajet de trois cent cinquante kilomètres dans une des régions les plus inhospitalières du globe. Tout de suite, les conditions climatiques deviennent épouvantables le blizzard se met à souffler et la température tombe à -25 °C. L'hélice du véhicule à moteur ne tarde pas à être bloquée par la neige et celui-ci se retrouve de surcroît coincé dans une crevasse. Malgré l'effort des chiens, il est impossible de le dégager. Force est de conclure que cet engin ultra-moderne n'est adapté ni au blizzard ni aux crevasses, ce qui est ennuyeux quand on explore le Groenland. Alfred Wegener prend donc place sur l'un des traîneaux en compagnie du docteur Loewe. Son enthousiasme scientifique lui fait surmonter sa déception et il repart de l'avant avec confiance, quand un grave problème se présente. Rasmus, le chef des Esquimaux, vient le trouver, l'air très contrarié : — Les hommes ne veulent pas aller plus loin. Ils rentrent. — Il faut leur dire de continuer. C'est très important ! — J'ai essayé, mais ils répondent que c'est de la folie. Jamais leurs pères ni les pères de leurs pères ne sont allés à l'intérieur des terres à cette saison. Ils disent que c'est risquer la mort et qu'ils ne veulent pas mourir. Et ils sont nombreux à être de cet avis ? — Tous sauf moi. Moi je reste... Alfred Wegener, le docteur Loewe et l'Esquimau Rasmus. continuent donc sur trois traîneaux, en direction du cœur du Groenland. Plus ils progressent et plus le temps devient épouvantable. Epuisés, les chiens avancent de plus en plus lentement. Pour les soulager, Wegener fait abandonner d'abord une partie de l'approvisionnement, puis l'approvisionnement tout entier. Les trois hommes n'apportent plus rien à la station centrale. Dans ces conditions, il serait logique de faire demi-tour, mais Wegener décide de poursuivre quand même. Si Georgi et Sorge étaient blessés ou malades, le docteur Loewe pourrait leur porter secours. En attendant, c'est le docteur Loewe lui-même qui se trouve dans un état critique. Il est atteint de graves gelures aux pieds. Dès qu'il sera arrivé à la station, il faudra l'amputer. Et il faut espérer qu'on y arrive rapidement, car si la gangrène se déclare avant, il est perdu. Mais c'est seulement le 30 octobre 1930 que les trois hommes parviennent à la station centrale, après quarante jours de traversée dans des conditions inhumaines. Aux deux savants, ils n'apportent strictement aucune aide, bien au contraire. Ils sont pour eux un fardeau supplémentaire. (à suivre...)