Légende n Construire un village nécessite beaucoup d'efforts et de peines. Et puis, les nomades ne sont pas habitués à ce genre de tâche. Selon la légende, Ouargla serait la plus ancienne ville du Sahara. Elle aurait été construite, par le prophète Salomon (Sidna Slimane), qui l'a édifié pour remercier les nomades qui, durant la période du paganisme, rendaient un culte au Dieu unique. Il voulait aussi mettre fin à l'état de barbarie et de razzia, qui régnait dans le désert, en y installant une ville. Toujours selon la légende, la ville – ou plutôt le ksar – a été construit en une nuit : le prophète aurait, en effet, fait appel à l'armée de génies qui travaillaient pour lui. Tout a été édifié en quelques heures. La légende rapporte encore que les populations, qui nomadisaient dans la région, ont marché toute la journée, à la recherche de pâturages pour leurs bêtes. A la nuit tombée, il se sont arrêtés et ont dormi, épuisés. Seul leur chef, Cheikh Ali Ben Sikin, est resté éveillé. Il ne dormait pas, lui, pensant aux dures conditions de la vie de nomade, cherchant un moyen de mettre fin à l'errance de son peuple. Ici, à l'endroit où on a planté les tentes, il y a des sources et surtout une belle palmeraie : une véritable forêt d'arbres qui dispensent, aux plus fortes chaleurs de la journée, une ombre bienfaisante. Et si, lui et son peuple, s'installaient là ? Et si ils y construisaient un village ? De vraies maisons, avec des toits, des cours… ils y cultiveront des palmiers, travailleront la terre, élèveront des bêtes… Mais construire un village nécessite beaucoup d'efforts et de peines. Et puis, les nomades ne sont pas habitués à ce genre de tâches. Tout ce qu'ils savent faire, eux, c'est aller dans le désert, faire paître leurs troupeaux, chasser… Tandis qu'il pensait à tout cela, Ali entend comme un murmure. Il tend l'oreille, croyant qu'il s'agissait d'une voix, puis il détourne son attention : ce n'est qu'un souffle de vent. Mais le murmure se fait de nouveau entendre et cette fois-ci, le chef des nomades entend bien une voix, et cette voix l'appelle : — Ali, Ali ! Il cherche qui l'appelle, mais ne voit personne. Il prend aussitôt peur parce qu'il pense à une djennia, les génies femelles qui peuplent le désert, la nuit. Mais la voix le rassure : — Ne crains rien, Ali, je ne te veux aucun mal ! Au demeurant, la voix est douce et semble même pleine de sollicitude. «Lève-toi et cours au milieu de la forêt de palmiers ; tu y trouveras, s'il plaît à Dieu, ce que tu as désiré.» Un grand vent, soufflant de l'ouest, se lève et ébranle toutes les tentes. Ali prend peur, mais il obéit à la voix et va vers la palmeraie. C'est alors qu'il recule, émerveillé par le spectacle : «Une ville splendide, d'une construction admirable et d'un travail parfait dressait ses hautes murailles au milieu des sources de la forêt de palmiers. Elle était prête à être habitée.» Ali se hâte d'aller réveiller ses compagnons et tous ensemble, ils s'approchent. «Ils furent bientôt en face d'une ville circulaire, entourée de murs fortifiés, de tours et ceinte d'un fossé rempli d'eau qui s'enroulait autour d'elle comme un turban. Semblable à un fruit, la ville était divisée en trois lobes et les trois fractions de la tribu devaient y vivre, unies entre elles comme les pépins dans la grenade.» Cette ville a reçu le nom de Ouargla : la ville originelle, dit la tradition, était infiniment plus belle que la ville actuelle (à suivre...)