Masques Il est de coutume, à Beni Snous, près de Tlemcen, de célébrer Yennayer à travers le carnaval de Ayrad (le lion) fixé du 10 au 13 janvier. Des enfants, se déguisant en lion, entament une marche dans les ruelles avec des chants énigmatiques. On appelle cela «Le petit Ayrad». Il commence généralement entre 17h et 18h. Juste après le carnaval des enfants, vient le «grand Ayrad», un groupe d?individus de 7 à 15 se déguise. La personne incarnant Ayrad doit avoir le visage masqué pour que le public ne la reconnaisse pas ; ce qui est essentiel c?est le port du chapelet autour du cou, en plus d?un gilet traditionnel et d?un seroual (pantalon parachute) avec une paire de vieux souliers en peau de chèvre qu?on appelle boumentele. Ayrad doit être attaché aux hanches à l?aide d?une tresse d?alfa que les femmes ont pris soin de tisser, ou d?une corde dont le bout serait tenu par le guide. Dans la rue, la foule chante des complaintes en ch?ur avec les carnavaliers. Tout le monde parcourt les rues, passe d?une maison à une autre, annonçant son arrivée, à l?approche de chaque foyer en disant : « Halou bibenkoum rana jinekoum» (ouvrez vos portes, nous sommes venus). Une fois les carnavaliers à l?intérieur de la maison, les chants s?amplifient et les déguisés redoublent d?efforts dans leurs danses rythmiques et frénétiques avant la brusque invasion de Ayrad qui surprend l?assistance. Pendant que tout le monde chante et danse, le grand Ayrad dit à haute voix : «Attoufaha lalla fi jbel l?ali akhouti ouabni ammi haoudouhali», ce qui signifie : «Oh ! pomme de montagne colossale, frères cousins, descendez ma rivale !» et la lionne (une personne déguisée en lionne) tombe par terre raide morte. Soudain, la foule se tait sans pouvoir intervenir. Ayrad explose, bouscule la foule qui s?écarte et Ayrad, s?approchant de sa bien-aimée, retire une boîte de poudre blanche et saupoudre le visage de celle-ci ; et à ce moment-là la lionne se réveille, elle se met sur pied et reprend la danse et le chant, et la foule tonne : «Echablalek, echablalek, echablalek, echablalek», ce qui signifie : «Prends ta bien-aimée et danse.» Il est de coutume qu?avant de quitter la maison, Ayrad se dirige vers la maîtresse des lieux et la salue, celle-ci glisse dans le qalmoun (capuchon) de lemkadem (le guide) quelques denrées alimentaires. Ainsi, les carnavaliers, des flambeaux à la main, continuent leur marche d?une maison à une autre, en criant dans les ruelles «Ayrad, Ayrad, Ayrad», et en priant pour les malades, les démunis et ceux qui n?ont pas d?enfants. Le carnaval se prolonge tard dans la nuit, jusqu?à 3h du matin, et ce, pendant trois jours. Enfin, le dernier jour, avant de se séparer et de se donner rendez-vous à l?année prochaine, une prière sera dite. Les provisions ramassées par lemkadem seront distribuées aux démunis du village.