Résumé de la 2e partie n Elisabeth Couchrane est recrutée par le Dispatch et son premier article traitant du divorce fait sensation... Après ce coup d'éclat, George Madden est bien décidé à aller de l'avant. Il fait d'Elizabeth Cochrane, qui s'appelle pour tout le monde désormais Nellie Bly, une collaboratrice attitrée du journal, avec des appointements importants. Quant aux sujets de ses prochains articles, il ne se fait pas de souci : il est certain qu'elle déborde d'idées. C'est effectivement le cas. — J'ai pensé à une rubrique dénonçant la misère qui règne à Pittsburgh. J'irai dans les quartiers pauvres, je décrirai les conditions de travail dans les usines, les logements insalubres. Le rédacteur en chef du Dispatch s'enthousiasme. Il y a longtemps qu'il voulait faire une campagne contre la municipalité conservatrice de Pittsburgh, ce qu'aucun de ses collaborateurs n'avait osé. — Excellente idée ! Je vais vous adjoindre un dessinateur, qui fera des croquis sur tout ce que vous écrirez : la misère des ouvriers, des chômeurs, des sans-logis... — Et des femmes. — Oui, bien sûr, des femmes... Mettez-vous tout de suite à l'ouvrage ! Le succès des articles est plus retentissant encore que celui sur le divorce. Chaque jour, dans le Dispatch, paraissent les descriptions saisissantes de Nellie Bly accompagnées de croquis montrant des lieux de travail insalubres, des rues encombrées d'immondices, des visages émaciés, des murs lépreux. L'opinion publique est révoltée. La municipalité, ébranlée, doit, pour la première fois, prendre des mesures pour soulager les plus malheureux. En quelques semaines seulement, Nellie Bly est devenue la personnalité la plus populaire de la ville. Des centaines de lettres de remerciements pour son action affluent au journal. Beaucoup lui prédisent une grande carrière politique s'il voulait se faire connaître. «Il», bien sûr, car c'est toujours un homme dont on cherche à découvrir l'identité. A Pittsburgh, à part les collaborateurs du Dispatch, il y a une personne, une seule, qui sait que Nellie Bly est bel et bien une femme : c'est Mme Cochrane, sa mère. Elle a accepté la chose avec fatalisme. Elle savait depuis toujours que son Elizabeth n'était pas comme les autres, alors autant en prendre son parti. D'autant qu'elle n'a rien à lui reprocher : son action est généreuse, elle aide les malheureux. Mme Cochrane espère seulement que cela ne l'empêchera pas de trouver un jour un mari. Juin 1888. Il y a un peu plus de six mois que Nellie Bly travaille au Dispatch et, malgré les efforts de George Madden, qui fait tout pour retenir celle qui a fait doubler le tirage de son journal, elle ne veut plus rester davantage. Elle en a assez de la ville de province étriquée qu'est Pittsburgh. Elle est irrésistiblement attirée par la grande métropole cosmopolite et intellectuelle, là où se trouve tout ce qui compte vraiment aux Etats-Unis : New York. Ce qu'elle veut précisément, c'est travailler dans le plus grand quotidien de l'époque : le World. C'est ainsi qu'elle écrit à son directeur, Joseph Pulitzer, auquel elle raconte toute son histoire. Et elle attend un bon moment, car Pulitzer n'est pas n'importe qui. C'est plus qu'un nom, une légende, l'inventeur du journalisme moderne. Il est assailli de toutes sortes de demandes et il ne se presse pas pour répondre. Enfin, il lui accorde un rendez-vous. Nellie Bly part le jour même pour New York et se précipite dans les bureaux du World. (à suivre...)