Résumé de la 3e partie n Les articles sur la misère à Pitsburg d'Elizabeth Cochrane dans le dispatch ont un grand succés, mais celle-ci veut aller dans le World un grand journal new-yorkais... Là, elle ne cause pas la même sensation que lorsqu'elle était entrée au Dispatch. Dans la véritable fourmilière qu'est la plus importante rédaction du pays, des originaux et même des originales, on a l'habitude d'en voir. Lorsqu'elle demande à voir Joseph Pulitzer, elle ne suscite pas de réaction particulière. On lui indique la direction et elle se retrouve devant lui. Le grand patron de presse est occupé à trier les dépêches dont son bureau est encombré. Il lève un œil vers elle et la salue froidement. — Ainsi vous souhaitez travailler avec nous ? — Oui, monsieur. — Vous savez qu'il y a des centaines de personnes qui voudraient collaborer au World ? — Je le sais, mais je pense avoir quelque chose d'intéressant à vous proposer. — Je vous écoute… — Je veux faire un reportage sur l'île de Blackwell. La réaction de Joseph Pulitzer n'est guère encourageante. Il se contente de hausser les épaules. — C'est impossible. Plusieurs de mes collaborateurs ont essayé. Il n'y a que les malades qui peuvent y entrer… Il faut préciser que l'île de Blackwell, qu'on surnomme aussi l'«île aux fous», est le plus grand asile des Etats-unis ; situé sur un îlot de la baie de New York. Dans ce bâtiment aux allures de forteresse, seize cents aliénés sont enfermés. Il se dit partout que les conditions d'internement y sont épouvantables, mais personne n'a jamais pu le vérifier. La jeune fille répond calmement : — Je sais que seuls les malades peuvent entrer. C'est pourquoi je vais simuler la folie et me faire interner. Pour la première fois, le directeur du World la regarde vraiment avec attention. — Et, une fois à l'intérieur, que ferez-vous ? — Je décrirai ce que j'ai vu. Je pense que cela fera un bon article. — Ce n'est pas cela que je veux dire. comment vous y prendrez-vous pour sortir ? — Pour cela, je compte sur vous... Joseph Pulitzer a changé d'attitude. il regarde la jolie brune assise en face de lui avec une attention professionnelle. Tout comme george madden, il sent en elle des qualités exceptionnelles de journaliste. mais lui, il va plus loin que le directeur du Dispatch. le fait qu'elle soit une femme ne lui apparaît pas comme un handicap, plutôt un avantage : cela peut constituer une première, un scoop ! — je suis certain de vous sortir de là. Mais quand ? — Je ne peux pas vous le dire. Est-ce que vous êtes sûre de tenir le coup ? — Il n'y a pas de problème. — Quand comptez-vous vous y mettre ? — Ce soir. Pulitzer se lève, la main tendue. — Alors, bonne chance, Nellie. Vous faites partie du World ! (à suivre...)