Résumé de la 4e partie n Elisabeth Cochrane propose à Joseph Pulitzer directeur du World un article sur l'île de Blackwell le plus grand asile de fous des Etats-Unis, il accepte et la recrute... Quelques heures plus tard le réceptionniste du Madison Hotel, une pension de famille tranquille de Manhattan, voit arriver une jeune femme assez jolie, mais échevelée et aux allures agitées. Elle s'exprime avec un fort accent espagnol. — Je viens de Cuba. Est-ce que vous avez une chambre ? Sur la réponse affirmative de l'homme, elle remplit une fiche au nom de Nelly Brown et monte se coucher. Aux environs de 2 heures du matin, elle fait irruption dans les couloirs en chemise de nuit. — Je veux mes chevaux ! On m'a volé mes chevaux ! Réveillés, les clients de la pension tentent de la calmer. Il n'y a rien à faire, elle hurle, elle se roule par terre, elle tient des propos de plus en plus incohérents. Il faut appeler la police et elle se retrouve au poste. Là, elle continue à se déchaîner toute la nuit et le lendemain matin, elle est conduite en ambulance à l'hôpital. Ce n'est pas encore l'île de Blackwell, comme elle l'espérait. On n'envoie pas les gens aussi facilement dans cette forteresse. Elle est dans le service psychiatrique d'un établissement de la ville. C'est du diagnostic des docteurs qui vont l'examiner que va dépendre son internement. Elle continue donc à jouer le jeu. Elle se déchaîne tant qu'elle peut, ce qui, au bout d'un moment, finit par lui donner effectivement des allures de folle. Elle a les yeux hagards, les traits tirés, le teint blafard. Et elle réussit ! Quatre praticiens l'examinent tour à tour, et leur verdict est concordant : démence avec délire de persécution. Quelques heures plus tard, elle se retrouve dans une petite embarcation qui traverse la baie de New York. La silhouette de Blackwell, l'île aux fous, se rapproche. Le grand moment est arrivé. Ce qu'elle découvre à l'intérieur de l'asile dépasse tout ce qu'elle pouvait imaginer. Ce n'est pas un établissement médical, c'est une prison pire que tous les bagnes, avec des murs noirs, des barreaux garnis de pointes, des gardes et des chiens. On l'enferme dans le pavillon des femmes. Là, elle cesse de simuler la folie. Ce n'est plus la peine : des malades qui se disent normales, elle en voit d'autres autour d'elle. Peut-être, d'ailleurs, sont-elles effectivement guéries ou enfermées à tort, mais elles ne sortiront pas. On ne sort pas de l'île aux fous. Elle enregistre tout dans sa mémoire, car, bien sûr, elle n'a pas de quoi prendre des notes. La nourriture est infecte : de l'eau, du pain sec et une bouillie infâme d'origine indistincte. Le traitement consiste en des bains glacés auxquels toutes sont soumises, même celles qui grelottent de fièvre. Les infirmières sont violentes, grossières et sadiques. Elles s'amusent à martyriser celles qu'elles prennent comme souffre-douleur. Et puis il y a le pire, il y a la section 6 où on menace d'envoyer celles qui se rebellent. Prenant les plus grands risques, elle réussit à s'y rendre. Là, ce n'est plus de prison qu'il faut parler, c'est de salle de tortures. Les démentes sont fouettées et maintenues sous une douche glacée jusqu'à ce quelles s'évanouissent. — Les jours passent. Dans cet univers coupé du monde, Nellie Bly n'a aucune nouvelle de l'extérieur. Bien sûr, elle fait confiance à Joseph Pulitzer, elle imagine qu'il a beaucoup de relations et qu'il va la faire sortir. Mais si, malgré tout, ce n'était pas possible ? Si elle allait avoir le même sort que celles qui, autour d'elle, se disent saines d'esprit et qui ne sortiront jamais ? (à suivre...)