Résumé de la 1e partie n Le Lièvre entraîne la Tortue dans le champ du Sanglier voler des patates douces... — Mmm-miam ! dit Tortue en y plantant le bec. — Minute ! coupa Lièvre. N'entends-tu rien venir ! — Mmm-mioum ! continua Tortue, la bouche pleine. — Arrête de faire des bruits ! Comment veux-tu que j'écoute ? Et si on nous tombe dessus, hein ? — Mmm-miam-mioum, fit Tortue en se prenant une autre patate. Lièvre était furieux. — Mais Arrête, à la fin ! Tu veux te faire mordre et piétiner ? Remets cette patate ou tu l'as prise. Il faut d'abord nous assurer que Sanglier n'est pas après nous. Il l'obligea à poser sa patate et tous deux s'éloignérent, chacun de son côté, pour inspecter les environs. Mais Tortue avait deviné ce que tramait son compère. Elle ne fit que trois petits pas. Le Lièvre avait bondi hors de vue. Alors, elle revint aux patates, en prit une grosse et se glissa dans le sac. — Mmm-miam, fit-elle tout bas. Elle allait ressortir pour en prendre une autre quand une grêle de patates rôties s'abattit sur sa carapace. Lièvre était revenu comme prévu, tout doux, sans perdre un instant, et il se dépêchait de fourrer les patates dans son sac. «Merci !» songea Tortue en mordant de bon cœur dans une grosse patate chaude. «Me voilà servie sur place.» Et flip et flop, en un clin d'œil ce filou de Lièvre avait tout ramassé. Son sac était plein à craquer. Il se mit à crier: — Tortue ! Tortue ! Vite ! Sauve-toi ! Décampe ! Sanglier est après nous ! Et sa grosse laie avec ! Alors il balança le sac sur son épaule et partit d'un pas leste. Et chemin faisant il songeait : «C'est le meilleur tour de ma vie ! il ne reste plus qu'à mettre quelques lieues entre cette vieille lambine et moi.» Il riait à s'en étouffer. Pendant ce temps, au fond du sac, Tortue avait pris ses aises. Elle engloutissait tranquillement patate douce sur patate douce. «Dommage pour Lièvre, il rate le festin, pouffait-elle tout bas. Mais il aime mieux courir, à ce qu'on dirait.» Lièvre courut longtemps, et loin. Lorsque enfin il s'arrêta, Tortue arrivait au bout des patates. Elle avait déjà avalé toutes les plus belles et les mieux rôties. En fait, il n'en restait plus qu'une, minuscule et racornie. — Ouf, cette fois ça y est, dit le Lièvre. (Il posa le sac à terre et y glissa la patte.) Pauvre Tortue ! Dire qu'elle est si loin ! Dire qu'elle ne pourra pas déguster ces merveilleuses patates douces ! Il enfonça la patte dans le sac. Tortue y fourra la toute dernière patate. Il y jeta un coup d'œil et rugit : — Quoi ? Quelle horreur ! Quelle petite chose minable ! de n'ai pas couru comme un dératé pour une patate grosse comme une noisette. Et vlan ! Il la jeta dans le fourré. Il enfonça de nouveau la patte dans le sac. Ah, cette fois, il en tenait une grosse, lourde, ronde et toute ferme. Elle devait être fameuse, celle-là ! Mais quand il vit ce qu'il avait en main, il eut un hurlement de dépit et laissa choir la chose à terre. — Tortue ! Mais que fais-tu là, bon sang ? Il renversa le sac, le secoua. Plus rien ! Il en avait des larmes aux yeux ; il ne voulait pas y croire. — Mes patates douces ! Mes patates ! de les ai déterrées, je les ai fait rôtir... Oh non, non, non ! Tu n'as pas mangé ma part, tout de même, dis ? Oh, sœur Tortue, c'est trop injuste ! Comment as-tu osé me faire ça ? Bouhou, non, c'est du vol ! Mais sœur Tortue n'était plus là pour le sermon. Pendant qu'il se lamentait elle avait pris ses jambes à son cou et sagement regagné son trou d'eau. Et ce pauvre Lièvre pleurnichait, assis par terre le ventre creux. — Bou-hou, cette vieille roublarde de Tortue ! Elle a mange toutes mes patates douces ! Bou... Quand je pense que je I'ai transportée, tout du long, pendant qu'elle se gobergeait - j'en pleurerais ! En pleurer ? C'est ce qu'il faisait déjà !