Constat n La critique journalistique, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui dans la presse écrite, ne peut accompagner un mouvement ou un courant théâtral. Si la critique journalistique a accompagné et a assisté le théâtre algérien à sa naissance et à son évolution durant la période coloniale et a continué à le faire après l'indépendance en contribuant considérablement à son développement, qu'en est-il aujourd'hui du rôle de la presse écrite ? Bouziane Benachour, romancier, journaliste au quotidien El Watan et critique d'art dramatique, a dressé un état des lieux navrant de la critique théâtrale journalistique. «La critique journalistique dans le domaine de la presse écrite reste souvent marquée par la redite», a-t-il dit, précisant qu'elle ne répond pas aux attentes du lecteur. Pour lui, le journaliste n'a aucun lien avec le théâtre. «Cela se ressent dans l'écrit», a-t-il fait savoir. Et de regretter : «la critique théâtrale est marginalisée dans les colonnes de la presse algérienne. Les rédactions accordent très peu de place à la culture et moins au théâtre.» L'intervenant a ajouté en précisant que «les journalistes qui suivent l'activité théâtrale et en écrivent les articles ne sont pas les mêmes.» Cela revient à dire qu'il n'y a pas de journalistes spécialisés parce qu'il n'y a pas de nombreuses représentations, c'est-à-dire une activité régulière s'étalant dans la durée. «En plus, leur écrit est purement informatif, on est tout simplement dans la couverture médiatique», a-t-il relevé. Et d'indiquer toutefois que «malgré cela, le journaliste fait exister le théâtre, puisqu'il en parle en écrivant un article, mais ne peut pas toujours le faire évoluer.» Ainsi, la critique journalistique, telle qu'elle se présente aujourd'hui dans la presse écrite, ne peut accompagner un mouvement ou un courant théâtral. «Le journaliste n'a ni le bagage ni le vocabulaire pour contribuer à la création de nouvelles formes d'expression théâtrale, à savoir de nouveaux modèles d'esthétique ou représentations scéniques», a-t-il expliqué, tout en déplorant que le journaliste pratique plutôt une critique de jugement qu'une critique d'explication. «Le journaliste, dépourvu de lecture esthétique ou artistique, se place dans le versant moralisateur et didactique, c'est-à-dire se montre donneur de leçons, et, du coup, il ne peut donner de visibilité à l'exercice théâtral en soi», a-t-il tenu à souligner. Le journaliste ne possède pas les instruments, donc les connaissances lui permettant d'approcher le fait théâtral. En plus, son cadre d'approche demeure insuffisant. Il n'est pas renouvelé. Ahmed Cheniki, universitaire, rejoint et soutient le discours de Bouziane Benachour, tout en mettant, pour sa part, l'accent sur «la difficulté de parler de critique théâtrale, tant qu'il n'y a pas de presse spécialisée ou de périodique thématique». «La critique reste le parent pauvre du théâtre», a-t-il dit. S'il n'y a pas réellement de critique d'art dramatique, c'est seulement parce que l'activité théâtrale en soi n'est pas développée et continue. «L'activité théâtrale souffre d'une carence chronique, donc il y a eu très peu de travail réalisé en la matière», a-t-il fait rappeler.