Constat n Tameur Ennouel est universitaire. Elle est chargée de cours à l'université d'Oran Es-Senia. Sa spécialité est la critique théâtrale moderne. S'exprimant sur la critique théâtrale en Algérie, Tameur Ennouel, rencontrée au Théâtre national, a indiqué : «Sur le terrain, on peut relever deux types de critiques : la critique journalistique qui a accompli un parcours significatif et où on peut compter des plumes, et la critique universitaire ou académique. Il se trouve que ce type de critique se résume à des études et recherches dans le domaine de la pratique théâtrale.» Tameur Ennouel explique ensuite la différence entre ces deux critiques. «La critique journalistique s'avère un intermédiaire entre le lecteur et le spectacle théâtral. C'est une critique destinée à un lectorat de manière à l'inviter à aller voir ou pas la représentation. En plus, cette critique s'adresse à un lectorat ayant une certaine culture théâtrale. On enregistre ces dernières années une évolution, donc, une amélioration dans ce domaine : les plumes s'affirment de plus en plus comme telles.» Et de poursuivre : «Alors que la critique universitaire est académique, orientée vers un lectorat averti.» Tameur Ennouel considère cependant que pour la critique universitaire se pose un problème. Pour elle, elle n'est pas vulgarisée. «Contrairement à la critique journalistique, la critique universitaire ou académique s'exerce au sein d'un cercle restreint. C'est une critique qui n'est pas vulgarisée. Il s'agit souvent de thèses d'Etat ou de mémoires de fin d'étude. Il se trouve, chose que je déplore, que ces études ne sont pas publiées. Elles restent dans les bibliothèques.» Quant aux raisons de cette insuffisance, Tameur Ennouel dit : «Tout simplement, parce que cela exige de gros moyens financiers. En plus, l'édition a ses moyens comme ses outils. Il y a également un autre problème, celui de l'absence de critiques versés dans la critique théâtrale. Il y a très peu d'ouvrages, donc, d'études sur la critique. On a des livres sur l'histoire du théâtre algérien, mais pas sur la critique elle-même.» Par ailleurs, et en tant que critique, le regard qu'elle pose sur le texte théâtral est plutôt partagé, mêlant pessimisme et optimisme. «On peut dire qu'il y a une crise de textes, mais paradoxalement on a de bonnes représentations, donc, un bon produit théâtral.» Et d'expliquer : «Généralement, l'auteur conçoit la pièce avant même de l'écrire. Il n'élabore qu'un texte linéaire que je qualifie de canevas où sont présentées les grandes lignes de la pièce. Et ce n'est que sur scène que la pièce commence à prendre forme. L'auteur se fait aider et soutenir par la scénographie, la présence et le jeu des comédiens, ainsi que par la lumière et les effets sonores. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas d'auteurs ayant cette stature qu'avait Kateb Yacine.» Ainsi, Tameur Ennouel reconnaît indéniablement l'existence d'une crise de textes. Il y a certes une production textuelle, mais ces textes manquent, selon elle, de teneur et de démonstration. Rares sont ceux qui se distinguent par un contenu convaincant et substantiel. l Interrogée en tant qu'universitaire sur le rôle que peut tenir l'université dans l'apprentissage théâtral, Tameur Ennouel a déclaré : «L'université a deux rôles. Le premier consiste à dispenser l'étudiant de cours pratiques et théoriques. Le second consiste à mettre l'étudiant en relation avec les milieux professionnels. En somme, l'université offre aux étudiants les outils nécessaires leur permettant de s'inscrire et d'évoluer sur le terrain, et les instruments et référents adéquats à leur épanouissement dans l'exercice de leur formation.» Mais l'universitaire regrette que l'université algérienne, notamment celle d'Oran, n'offre pas toutes les commodités indispensables à un apprentissage avantageux et efficace pour les étudiants, car elle ne dispose pas de théâtre, voire de salle de représentation – ou d'auditorium – où les étudiants sont amenés à explorer et développer leur savoir en matière de pratique théâtrale. «Un étudiant doit mettre en pratique sur scène ses connaissances théoriques», a-t-elle souligné. Ainsi, l'université algérienne a pour devoir de former et, du coup, de procurer aux étudiants les conditions nécessaires à l'efficacité et à l'aboutissement de l'apprentissage.