Témoignages n Tous ceux qui ont vécu dans les années 1970 vous le diront : l'Algérie était un véritable havre de paix. «Le pays était sécurisé à 100%, on ne craignait vraiment rien, on pouvait aller n'importe où et à n'importe quelle heure», affirme d'emblée Lyès, 47 ans, qui exerce comme enseignant de langue française dans un collège à Aïn Naâdja, dans la wilaya d'Alger. Regrettant ces «années d'or», il fait remarquer que «pour être heureux, il faut se sentir en sécurité, et c'était notre cas à l'époque». Fatma Zohra, 60 ans, retraitée, abonde dans le même sens en notant que la peur «était un sentiment qu'on ne connaissait pas». «Il nous arrivait très souvent de sortir entre copines le soir, mais personne n'osait nous embêter», poursuit-elle. Et son amie Louisa, la cinquantaine environ, de relever : «Parfois, on rentrait à la maison à minuit, 1 heure, voire 2 heures du matin et croyez-moi si je vous dis qu'on n'a jamais eu le moindre problème. Alger était un véritable paradis où il faisait bon vivre.» Pour sa part, Hocine, 55 ans, cadre dans une boîte de communication, a toujours en mémoire les agréables moments qu'il passait, chaque été, en compagnie de ses amis, aux Aftis, du côté de Jijel, au bord de la plage. «On dormait à la belle étoile, en pleine nature plus est. Mais jamais au grand jamais on n'a été inquiété, la sécurité était totale, on arrivait facilement à trouver le sommeil d'ailleurs», se souvient-il. Certes, les pickpockets et autres cambrioleurs existaient, mais leurs méfaits étaient insignifiants. «C'étaient des voleurs d'un autre genre. Ils avaient une sorte de code de déontologie qui leur interdisait de s'en prendre aux pauvres, aux femmes et aux personnes âgées. Quand l'un d'eux transgressait ce code, il était vite rappelé à l'ordre par ses pairs», indique à ce propos Hocine. «Les voyous et les dragueurs de notre époque étaient très gentils et intelligents», martèle Louisa. Et Fatma Zohra d'enchaîner : «Quand on volait quelqu'un par exemple, on prenait toujours le soin de lui envoyer ses papiers par le biais de la poste.» De l'avis de Lyès, si le pays était sécurisé, ce n'était pas parce que les forces de l'ordre étaient présentes partout : «Il y avait peu de policiers et de gendarmes et dans certains endroits seulement. Ils effectuaient, de temps à autre, des contrôles inopinés la nuit. Comme on fréquentait les salles de cinéma, on les rencontrait très souvent. Etant mineurs, ils nous demandaient les tickets d'entrée au cinéma, ce qu'on faisait volontiers. Et ils nous laissaient partir le plus normalement du monde.»