Désir n Le roi est si heureux qu'il ordonne qu'on organise une fête et que l'on distribue des aumônes aux pauvres du royaume. Autrefois, régnait sur la ville d'Alger un roi puissant. Le roi a une jolie femme qu'il aime bien, mais comme elle ne lui donnait pas d'enfant, il s'est mis à la regarder d'un mauvais œil. Le roi pouvait prendre d'autres épouses, mais comme il aimait la reine, il ne voulait pas la chagriner. Cependant, la reine ne cesse d'aller dans les sanctuaires et de faire des aumônes pour attendrir le ciel et avoir un enfant. Dieu finit par l'entendre et quelques temps après, son ventre s'arrondit. Un jour que le roi lui parle de nouveau de son désir d'avoir un héritier, elle lui fait part de la bonne nouvelle. — Majesté, si Dieu veut, nous allons avoir un enfant ! Le roi la regarde, stupéfait et demande : — tu es enceinte ? — Oui, dit-elle, en mêlant rires et larmes, Dieu a écouté mes prières ! Le roi est si heureux qu'il ordonne qu'on organise une fête et que l'on distribue des aumônes aux pauvres du royaume. Le roi met au service de sa femme deux médecins. Ils surveillent son alimentation, s'alertent au moindre malaise et l'incitent, à chaque fois que cela s'avère nécessaire, à prendre du repos. La grossesse est maintenant avancée et la reine, devenue trop lourde, reste souvent dans sa chambre, en compagnie de sa fidèle nourrice. Le roi, quand il a expédié les affaires courantes, vient la retrouver pour prendre de ses nouvelles. Ce jour là, justement, il lui rend visite, avec une corbeille de fruits. — Comment vas-tu ? lui demande-t-il. Je suis impatient que le petit prince que tu portes dans ton ventre vienne enfin au monde ! La reine sourit. — encore un peu de patience majesté ! — Je veux que mon prince soit aussi beau que toi et aussi fort que moi ! — Prions Dieu qu'il soit fait selon ton vœu ! — Nous lui donnerons les meilleurs précepteurs pour qu'il soit savant et nous l'entraînerons au maniement des armes pour qu'il devienne un grand guerrier ! La reine sourit à chaque fois, priant Dieu d'exaucer les vœux de son époux. Un jour, cependant, alors qu'il lui parle de la sorte, elle lui dit. — Mon roi, tu parles toujours d'un prince mais si au lieu d'un garçon, c'est une fille : une princesse ? Le roi se met aussitôt en colère. — Une fille ? Il n'est pas question que tu me donnes une fille ! Je veux un garçon, un prince qui soit un jour mon héritier ! La reine, ulcérée, répond : — Il ne dépend pas de moi. Je prie Dieu de me donner un garçon, mais s'il naît une fille... — Hé bien, dit le roi en colère, je la mettrai à mort ! — Mon roi, proteste la reine, horrifiée Mais le roi ne se laisse pas attendrir. (à suivre...)