On rapporte que le village de Demmed, dans la région de Djelfa, disposait d'une source autrefois abondante, mais qui a commencé à diminuer. Or voilà que des habitants du village s'emparent de la chamelle d'un saint local, Sidi Aïssa ben Mohammed. Le saint va la réclamer, mais on refuse de la lui rendre. Il les menace alors de la colère divine. Loin d'ébranler les villageois, ceux-ci décident de mettre le saint au défi : «si tu es vraiment un saint et que tu disposes de pouvoir, augmente le débit de notre source, nous te rendrons alors ta chamelle, mais si tu échoues, nous égorgerons ta chamelle et nous te mettrons à mort !» Sidi Aïssa accepte de relever le défi : il saisit un rocher et un jet d'eau surgit. On applaudit au miracle, mais les villageois, voulant fêter leur nouvelle source, oublient leur engagement : ils égorgent la chamelle et se la partagent. Sidi Aïssa s'emporte : il saisit le rocher qui couvrait la source et le remet à sa place. La source disparaît comme par enchantement. Les villageois se précipitent et tentent de soulever le rocher, en vain. On se retourne vers le saint et on veut le lapider. Mais celui-ci, de son bâton, a tracé un cercle protecteur et les pierres tombent, sans le toucher. Il a encore le temps de lancer une malédiction qui frapperait le village et ses habitants. Depuis, dit-on, Demmed, qui, perché sur le sommet d'une montagne, avait la réputation d'être inviolable, a été pris et ruiné à plusieurs reprises.