Résumé de la 1re partie n Avant la création de l'homme, les animaux vivaient en parfaite harmonie et ils n'avaient pas de queue... Partout où le portaient ses pas désormais, par monts et par vaux, de prairie en forêt, Raluvhimba rencontrait des animaux heureux de vivre qui le saluaient avec entrain. Il n'était plus seul sur terre, et la compagnie lui plaisait. Dans l'air et dans l'eau, en revanche, c'était encore un peu triste. Il n'y avait toujours rien, rien qui vive et respire, rien que de grands espaces désolés. Alors Raluvhimba retourna faire un somme dans la caverne Luvhimbi, et il y vit en songe des créatures nouvelles, des êtres faits pour l'eau, des êtres faits pour l'air. A son réveil, il se mit au travail. Il façonna les poissons, gainés d'écailles d'argent, pour jeter des éclairs joyeux dans les fleuves et les océans. Il façonna les oiseaux, tout en plumes et en os légers, pour fuser dans le ciel et y lancer leur chant. — Hé hé ! dirent les animaux. Pas mal du tout. Voilà ce qui s'appelle créer. Exactement ce qui manquait ! Et maintenant Raluvhimba avait des amis partout. Tout était pour le mieux en ce monde, sur la terre ferme comme dans les eaux et dans les airs. Chaque fois que Raluvhimba s'enfonçait au creux de l'océan, les poissons par bans immenses venaient le saluer des nageoires. Chaque fois qu'il s'élançait vers le ciel, les oiseaux fusaient à tire-d'aile et le régalaient de leurs chants. Lorsqu'il se promenait sur terre, les animaux disaient «Belle journée» et ils agitaient leurs oreilles – car, il ne faut pas l'oublier, ils n'avaient pas de queue pour saluer. Un jour, Raluvhimba jouait avec les animaux sur les pentes du mont Tsha-wa-dinda. Comme ils adoraient le voir créer, ils faisaient la ronde autour de lui en chantant à tue-tête : Créateur, crée de nouveau ! Fais naître quelque chose de beau, Plus petit que la souris Et qui soit vivant aussi ! — Quelque chose de velouté comme moi, dit le renard. — Avec de belles rayures, surtout, dit le zèbre. — Oh, et aussi de longues oreilles, dit le lièvre. Pour pouvoir les agiter fort. Raluvhimba éclata de rire. Il ferma les yeux, se frotta le front. Une idée lui venait. Ses doigts s'agitèrent un instant. Puis il ferma ses mains en conque et souffla dedans. Lorsqu'il les rouvrit, oooh ! L'araignée était là, velue, rayée, bien vivante, et déjà occupée à tisser. Les animaux s'approchèrent. — Pas mal, dit le lièvre. Et encore plus petit que la souris. Je ne vois pas d'oreilles, mais que de pattes, que de pattes ! Les animaux se mirent à compter. — Tout ça de pattes ! Une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit - quatre de plus que nous ! Six de plus que les oiseaux ! Huit de plus que les poissons ! — Huit pattes, huit pattes ! — Et pas une seule n'est droite ! Alors l'araignée, agile, noua son fil à l'index de Raluvhimba et se laissa tomber, en souplesse, jusqu'au sol. — Et sans se faire de mal ! s'émerveillèrent les animaux. — En retombant sur ses pattes ! — Recommence, recommence ! — Facile, dit l'araignée qui remontait déjà, le long de son fil, vers la main de Raluvhimba. Et si un jour vous avez un message à transmettre au Maître, venez me trouver. Je reste en liaison avec lui. (à suivre...)