Résumé de la 3e partie n Après la création de la mouche, tous les animaux se plaignent des désagréments que cette dernière leur cause... Tiens, c'était donc toi, Araignée, dit Raluvhimba en la voyant arriver. Il m'avait bien semblé, aussi, sentir quelque chose tirer sur mon orteil. — Salut, dit l'araignée. (Ce n'était pas le moment de gaspiller son temps en manières.) J'ai un message pour toi, de la part des animaux. Ils disent que les mouches sont un fléau. Qu'elles mordent et piquent et sucent le sang, et que personne ne veut plus d'elles. Il faut que tu les reprennes au plus vite. — Comment ? dit Raluvhimba. Mais je ne peux pas reprendre ce que j'ai donné ! C'est ainsi. Et après tout, c'est la vie. Mais les mouches ne se nourrissent-elles donc pas, comme toi, de pousses tendres et de rosée ? — Oh non, sûrement pas, dit l'araignée. Elles mordent à même la peau, et sucent le sang qui est dessous. Ce ne sont pas des amies. En tout cas, tel est le message dont les animaux m'ont chargée. Il faut que tu fasses quelque chose, et vite. Personnellement je n'ai pas à me plaindre, les mouches n'osent pas s'en prendre à moi, trop heureuses que je les délivre quand elles se prennent dans ma toile, mais pour mes amis, je l'avoue, il y a de quoi devenir fou. Raluvhimba réfléchissait. — Je n'arrive pas à croire que dans ma création les mouches soient une bavure. Hélas, c'était le cas pourtant, et cela dès le commencement des temps ou presque. Oh, un modeste défaut, un tout petit vice de fabrication, mais de fort mauvais augure – et l'homme n'avait pas encore été créé. — Ecoute, Araignée, dit Raluvhimba. Quand les mouches se prennent dans ta toile, si tu les y laissais au lieu de les délivrer ? — Mais qu'est-ce que j'en ferais, moi, de ces mouches ? — Tu pourrais les manger, par exemple. — Beuark, dit l'araignée. Cette seule pensée lui levait le cœur. Elle était végétarienne, la chair de mouche ne lui disait rien. — Attends, dit Raluvhimba. J'ai une idée meilleure encore. Ce qu'il faut à mes animaux, c'est une queue pour chasser les mouches. — Une queue ? dit l'araignée. — Oui, une queue. Un prolongement souple, si tu préfères. Un peu comme ce qu'ont les oiseaux, pour mieux voler, et les poissons, pour mieux nager. Mais ce sera pour chasser les mouches. — Et quand les fabriqueras-tu, ces queues ? demanda l'araignée. Ce doit être compliqué à faire, non ? Certainement plus compliqué que pour les oiseaux et les poissons. — Aujourd'hui est le jour de la Lune, dit Raluvhimba. Va prévenir les animaux que demain matin, dès l'aube, je les attendrai dans la caverne Luvhimbi, sur le mont Tsha-wa-dinda. Là, je leur fournirai des queues. A tous. — Parfait, dit l'araignée. Demain est donc le jour des queues. Le grand jour du marché aux queues. Elle redescendit le long de son fil et s'en fut vivement annoncer la nouvelle. Quand les animaux comprirent de quoi il retournait, ils ne tinrent plus en place. Tous se mirent en route, sur-le-champ, pour le mont Tsha-wa-dinda. Seul le lapin, trop paresseux, préféra se rendormir. (à suivre...)