Avis n Le phénomène a atteint des proportions préoccupantes requérant une solution urgente. C'est le constat fait par Abdelkrim Abidat, président de la Fédération nationale des associations de sauvegarde de la jeunesse. La violence avance à grands pas au vu et au su des autorités, des clubs et des comités de supporters. Les causes à l'origine de cette colère démesurée sont multiples, selon M. Abidat. Elle commence par la structure du club même, en passant par le stade en tant qu'infrastructure pour arriver aux supporters. Une approche que M. Abidat a largement développée récemment lors de la présentation de la stratégie de sa fédération pour la lutte contre la violence dans les stades. Il commence par signaler le dysfonctionnement qui règne au sein même des clubs. «Les assemblées générales des clubs sont souvent très houleuses. Entre les anciennes équipes dirigeantes et celles fraîchement installées, le courant passe très mal», regrette-t-il. Ce qui ne manque pas d'alimenter, selon lui, le déchaînement dans les tribunes. M. Abidat s'élève aussi contre les responsables des clubs qui avancent des promesses de titres à gagner sans pouvoir les concrétiser en fin de saison. Il citera également les mauvais recrutements effectués et le choix des joueurs, sans oublier le fait que les supporters sont livrés à eux-mêmes. La violence peut aussi trouver son origine dans le vocabulaire utilisé par l'éducateur dans les vestiaires, d'après notre interlocuteur. Cette pression et cette agressivité verbale font que l'équipe s'éloigne de l'esprit sportif pour se transformer en groupe de guerriers. La compétence de l'entraîneur et les mauvais résultats viennent, eux aussi, se joindre à la longue liste des facteurs négatifs cités précédemment. M. Abidat a tenu, aussi, à évoquer dans les éléments concourant au déclenchement de la violence, l'excès de zèle de certains dirigeants. Ces derniers «n'hésitent pas à se substituer à l'entraîneur allant jusqu'à s'immiscer dans la composition de l'équipe, voire dans le choix technique», estime-t-il avant de s'attarder sur deux derniers éléments : le problème de l'arbitrage et le manque de commodités dans les stades. «Il existe incontestablement des arbitres corrects, mais certains demeurent partiaux dans leurs décisions. Ce comportement pousse des milliers de jeunes, qui n'ont d'autre tribune d'expression que le stade, à tous les excès», ajoute M. Abidat. «Nos stades manquent d'animation et de commodités pour occuper les supporters avant le match et durant la mi-temps et les jeunes se retrouvent livrés aux psychotropes et à tous les fléaux devant l'absence d'encadrement», conclut-il.