Impact n Faute de gaz naturel dans leurs foyers, des centaines de milliers de pères de famille éprouvent d'énormes difficultés à se procurer une bouteille de gaz butane. Le calvaire des habitants des villages ou quartiers dépourvus de gaz de ville s'accentue durant la saison hivernale caractérisée par de grands froids. Les distributeurs de gaz butane n'arrivent pas à satisfaire toute la demande exprimée. Il faut dire aussi que ce business ne rapporte pas gros et les commerçants encourent des risques importants aussi bien pour leur vie que pour leurs engins de transport. Combien de distributeurs de gaz butane ont été assassinés durant la période de terrorisme et combien sont-ils aujourd'hui à être la cible des malfaiteurs ? Généralement, les villages privés de gaz de ville sont situés dans des zones reculées et, dans la plupart des cas, les chemins y menant connaissent une dégradation avancée. « Je fais ce commerce par solidarité avec les villageois et non pas pour les bénéfices qu'il engendre. Je me lève quotidiennement à trois heures du matin pour arriver à la station-service, faire la queue et acheter le gaz. Parfois, je suis obligé de me déplacer à des stations-service éloignées…Je vous assure que mon métier n'est pas une sinécure», témoigne Omar, un distributeur de gaz butane à Beni Slimane, dans la wilaya de Médéa. D'ailleurs, ajoute notre interlocuteur, plusieurs distributeurs ont cessé d'exercer ce métier en raison des difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. «Les villageois ont le droit de se plaindre, mais, parfois, le revendeur de gaz est aussi dépassé. La responsabilité incombe en premier lieu aux autorités locales», conclut notre interlocuteur qui, lui aussi, compte changer d'activité. Les villages enclavés de Beni Slimane ne sont, bien évidemment, qu'un des milliers d'autres villages de l'Algérie profonde où les habitants souffrent le martyre pour s'offrir une bouteille de gaz. En outre, la vente de gaz butane n'a pas échappé aux commerçants informels qui en tirent d'importants gains durant les trois mois de l'hiver. Il suffit, en effet, de posséder une camionnette et une somme d'argent suffisante pour acquérir quelques bouteilles qui serviront de consigne pour se lancer dans ce business. Le prix d'une bouteille atteint dans certaines régions du pays des prix inimaginables. Et comme les citoyens n'ont pas le choix devant le froid glacial, ils subissent le diktat des commerçants. On achète une bouteille de gaz à plus de 700 DA en hiver, alors que son prix réel ne dépasse pas les 250 DA. C'est dire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Mais les responsables vont-ils faire quelque chose dans les meilleurs délais pour mettre fin au calvaire des centaines de milliers de pauvres citoyens ? Tout comme le logement, le gaz de ville reste un rêve, l'obsession d'une grande partie de la population…