Les personnes atteintes du VIH-SIDA sont souvent contraintes de faire face dans le silence à une dure réalité. Outre le poids de la maladie qui pèse de toutes ses forces sur eux, les malades sont élimés par le poids de la réputation. Le qu'en-dira t-on est la question que se pose toute personne atteinte du sida. Cette peur d'être jugé coupable d'une transgression à la morale sociale plane sur elle tout le reste de sa vie. Une situation qui pousse beaucoup de malades à vivre à l'écart. Ce n'est pas le cas de Nawel, un membre très active de l'association El-Hayet, qui, sans hésitation, a accepté de témoigner de sa longue bataille contre cette pathologie. Son témoignage est porteur d'une mémoire, celle de la souffrance, de la trahison d'un proche, de l'impuissance de la famille… Son histoire commence avec son mariage en 1994. L'heureux élu n'est autre qu'un proche de la famille vivant en France depuis 1982. Nawel ignorait tout du passé de son conjoint qui était, à sa grande déception, un ancien toxicomane. Une réalité qu'elle découvre bien plus tard. «Je vivais avec un homme qui a trompé tout son entourage. Son retour en Algérie a été décidé après plusieurs examens confirmant sa contamination. Un jour je suis tombée sur des documents que mon mari gardait bien cachés. Ce sont des certificats médicaux et des analyses qui certifient qu'il est bel bien malade. Je ne sais pas s'il était conscient de ce qu'il faisait. Mais ce secret a détruit toute une famille», relate avec beaucoup d'émotion notre témoin. Deux ans après son mariage, Nawel met au monde un enfant qui meurt deux mois après sa naissance. Les infections qu'il présentait ont fait réagir les médecins qui ont réclamé des analyses à la mère. Les résultats ne laissent aucun doute, la maman est séropositive. «Ma vie s'est arrêtée à cet instant même», souligne t-elle sans trop vouloir s'étaler sur la réaction du mari. «Je ne pouvais pas m'attendre à des excuses de sa part ou même une compassion, lui qui avait sombré dans une profonde dépression après la mort de notre enfant ». 15 ans plus tard, l'état de santé de Nawel semble stable, selon les médecins. «La foi m'a aidée à me reconstruire après la perte de la santé, du foyer conjugal et d'un enfant.» A 35 ans, elle a choisi de se consacrer entièrement à la lutte et la prévention du VIH-SIDA dans l'association El-Hayet. Celle-ci est considérée comme un centre d'aide et un outil approprié pour diffuser l'espoir entre les porteurs du virus de l'immunodéficience humaine.