Plainte n «La plus grande menace qui pèse sur nous et qui expose nos enfants aux pires maladies, c'est l'amiante à laquelle nous sommes directement exposés et que nous inhalons à longueur de journée.» C'est ce qu'écrit un groupe d'habitants d'un immeuble situé dans l'école Haffad dans la banlieue ouest de Cherchell (Bab El-Gharb), dans une lettre qui nous a été adressée. Les habitants poursuivent : «Nous n'avons jamais cessé d'attirer l'attention des responsables, mais rien n'a été fait. Ils connaissent très bien l'état délabré de l'immeuble ; ils connaissent tous les dangers de l'amiante et ce qu'elle entraîne comme maladies. Certains ont même visité les lieux et reconnu que cet immeuble ne peut plus nous abriter plus longtemps puisqu'il est normalement inhabitable depuis plus de 20 ans déjà !»En effet, l'immeuble datant de plus de 40 ans (1967) est dans un état de vétusté indescriptible et menace ruine à tout instant, avons-nous constaté nous-mêmes sur les lieux. Des odeurs nauséabondes agressent les narines et les yeux. Un très gros rat nous «a accueillis» à l'entrée principale de l'immeuble qui donne sur un jardin qui aurait pu être luxuriant s'il n'avait été inondé par des eaux usées cotoyant des canalisations d'eau potable percées. «nous risquons des maladies à transmission hydrique à cause des eaux usées et des bêtes mortes», craint Rym, une jeune ingénieur habitant l'immeuble avec sa mère enseignante et ses 2 frères. Le rat sortait de l'immeuble pour se faufiler dans un trou sous un beau palmier. «vous voyez ce palmier ? il abrite des serpents, j'en ai capturé 3 dans la pièce. J'en ai déjà vu un autre très long, mais je n'ai pu le capturer», nous dit un autre locataire qui occupe une classe au rez-de-chaussée. L'immeuble abrite 11 familles. Les plus anciennes, qui avaient bénéficié d'un logement d'astreinte, occupent le 1er étage. Les autres comptent certaines familles recasées par les services de la commune. «Parmi ces familles, existent des cas sociaux qui occupent des constructions illicites démolies par l'Etat et recasés temporairement dans cette bâtisse en attendant de régulariser leur situation», souligne le président de la commune de Cherchell, contacté par téléphone. «nous endurons l'amiante, l'humidité, l'eau qui coule du toit, les rats et même les serpents qui pullulent en été. Depuis des années, nous subissons le mépris des responsables qui ne daignent même pas entendre nos doléances. Livrés à nous-mêmes, abandonnés de tous, nous n'attendons que le jour fatal où nous serions écrasés sous les décombres. A chaque intempérie, nous prions Dieu pour que le toit ne s'écroule pas sur nous et sur nos enfants. Notre vie est devenue un véritable enfer», se révolte Mme Djamila, une des plus anciennes locataires qui habite là depuis 1986. «On nous à maintes reprises promis qu'à la prochaine distribution de logements, nous serions parmi les premiers à bénéficier de logements, vu la précarité de notre situation. Il y a eu, en 3 mois, deux distributions de logements. Dans la première tranche, environ 100 logements ont été attribués. Beaucoup de ces logements sont encore fermés à ce jour. Certains ont même été loués ; ce qui prouve que leurs bénéficiaires n'ont jamais été dans le besoin d'un toit ! En dépit du danger imminent que nous courons, une seule famille habitant notre immeuble a bénéficié d'un logement. Lorsque nous nous sommes plaints, les responsables, nous ont promis qu'il y aurait une deuxième distribution de logements bientôt et que certainement nous figurerions en tête de liste. 127 logements et aucun logement pour nous !!!», peut-on également lire dans la lettre des habitants.