La commande se fait souvent par téléphone portable depuis l'apparition de ce moyen de communication en Algérie. Ce commerce se pratique aussi à proximité des établissements scolaires. «Des vendeurs viennent en écouler devant les écoles et les lycées», s'irrite un vieux riverain, ex-éducateur dans une école primaire et qui s'inquiète de la montée de la consommation de stupéfiants dans son quartier. «Dans les collèges et lycées, cela se banalise chaque jour un peu plus. Nous avons découvert des élèves qui en consommaient dès l'école primaire. Mais nous ne pouvons ni les conseiller ni les dénoncer, car ils sont protégés par leurs fournisseurs et, dans ce milieu, vaut mieux se taire», avoue un enseignant dans un lycée à Aïn Bénian. Les dealers n'hésitent pas à cibler un public de plus en plus jeune. La concurrence étant rude, il faut toujours trouver une nouvelle clientèle. Tout ce qui compte pour les dealers, c'est l'argent. Business is business, disent les Américains. Chez nous aussi, quand il s'agit d'argent, les dealers des quartiers sont capables du pire… «Le malheur des uns fait le bonheur des autres», dit le proverbe. Bien évidemment, les petites mafias locales des quartiers pauvres de nos villes et bidonvilles jouent un rôle primordial dans la prolifération des drogues. L'argent de ce trafic constitue une ressource importante pour quelques jeunes et leurs familles. Ces mafias sont craintes et respectées, car elles n'hésitent pas à réprimer ce qui pourrait gêner leur commerce. Elles constituent d'ailleurs un puissant vecteur de «violence dans les quartiers». Certains groupes sont très violents et bien organisés. Ils sont capables d'aller jusqu'au meurtre comme ce fut le cas l'été dernier à Aïn Bénian où un dealer, connu de tous, a assassiné un concurrent en plein centre-ville… A la même période, une bataille rangée avait éclaté entre deux groupes rivaux à Baïnem. Ces groupes recourent aussi aux menaces des concurrents et des riverains de leurs lieux de «business» et gare à toute personne qui osera les dénoncer ou à celles qu'ils appellent «indicateurs». Ils sont capables de s'en prendre à leurs familles. «C'est une petite mafia à l'italienne ici ! Nul n'est en sécurité s'il ose juste demander à ces petits dealers d'aller faire leur trafic ailleurs», déplore un habitant du quartier la Madrague. A Aïn Bénian, les lieux les plus réputés sont le bord de mer, dans ce que les habitants appellent «les Rochers», car ils offrent un refuge naturel loin des curieux, mais surtout de la vigilance des services de sécurité. La crainte de ces dealers par les gens est telle qu'ils sont devenus leur terreur….