Le drame des harragas a atteint le seuil de l'intolérable. Depuis dimanche, les opérations de repêchage de corps se succèdent au large de la côte oranaise et le recoupement d'informations rapportées par différentes sources, fait état de 22 corps retrouvés par les gardes-côtes. Les secouristes n'écartent pas l'éventualité de voir le bilan s'alourdir et c'est tout le pays qui se trouve interpellé devant l'ampleur du phénomène qui s'apparente à une autre tragédie nationale. Le phénomène des harragas prend de plus en plus des allures de tragédie nationale. Les différentes informations relatives au repêchage de cadavres de clandestins rapportées par différentes sources, donnent un total de 22 corps retrouvés en moins de 48 heures par les services des gardes-côtes au large de la région oranaise et les secouristes préviennent que le bilan risque de s'alourdir. La dernière découverte macabre remonte à hier, lorsque les gardes-côtes ont repêché, à environ 02 miles marins au large de la localité balnéaire de Mers El-Hadjadj, deux cadavres. Les victimes, âgées entre 25 et 30 ans, auraient embarqué deux jours auparavant en vue de rejoindre les côtes européennes. Les corps, qui n'ont pu être formellement identifiés, hier, en fin de journée, se trouvent toujours à la morgue de l'hôpital d'El-Mohgoun, à l'est d'Oran. La veille, ce sont 11 cadavres qui avaient été repêchés au large d'Arzew. La radio nationale qui a rapporté l'information, a précisé que les victimes, âgées de 20 à 25 ans, faisaient partie d'un groupe de seize migrants clandestins qui tentaient de rallier l'europe. Dimanche, les gardes-côtes ont retrouvé au large de Bethioua 8 corps de jeunes candidats à l'émigration clandestine, tous originaires de Tiaret. Le hasard du calendrier a voulu que le ministre de la Solidarité nationale soit dans cette wilaya de l'ouest du pays au moment même où étaient enterrées 4 des 8 dépouilles repêchées dimanche. Djamel Ould Abbas était venu à Tiaret «écouter les préoccupations et les aspirations de la jeunesse que l'Etat prendra en charge». Reconnaissant que «le dialogue direct avec cette frange de la société manquait aux responsables», le ministre a annoncé la tenue, les 15 et 16 mai prochain, de rencontres avec des jeunes, respectivement à Oran et Tiaret, soit deux wilayas durement affectées par le phénomène de l'émigration clandestine. M. Ould Abbas a révélé à l'occasion, qu'il avait «reçu la liste des 129 jeunes de Tiaret et 35 autres d'Oran qui avaient tenté cette amère expérience» et que «les communes tentent actuellement d'aider». A propos de l'aide en matière d'emploi et de création de microentreprises que le gouvernement a décidé d'apporter aux jeunes harragas ayant échappé à la mort en mer, d'aucuns s'interrogent sur son opportunité, allant jusqu'à l'apparenter à un facteur supplémentaire qui encouragerait les jeunes à tenter l'aventure. Cela dit, toute mesure allant dans le sens de l'atténuation du phénomène, à défaut de l'endiguer, ne peut être que la bienvenue. L'heure est tout simplement grave. Les repêchages en série de ces dernières 48 heures interviennent quelques jours seulement après la diffusion par la télévision nationale d'un reportage poignant sur le phénomène. Les Algériens ont été profondément bouleversés de découvrir certaines facettes cachées du drame, dont les suites réservées sur l'île de Lampedusa aux cadavres non identifiés : une sépulture provisoire avant l'incinération…