Résumé de la 110e partie n L'autopsie d'Eliza Barrow révèle des doses importantes d'arsenic dans ses organes. La police procède à l'arrestation de Seddon et de son épouse. Le procès commence le 4 mars 1912 devant la cour d'Old Bailey. Les Seddon sont défendus par Marshall Hall, un avocat passionné, mais doté de connaissances médicales importantes. Willcox, qui a réalisé les analyses toxicologiques, sait qu'il lui donnera du fil à retordre. Hall a confié, en privé, qu'il ne croit pas à l'innocence de Seddon, que les résultats de l'enquête accablent, mais il doit jouer son rôle de défenseur. Willcox fait un exposé détaillé de ses analyses et conclut : «Il n'y a pas de doute possible, Eliza Barrow est morte des suites d'un empoisonnement à l'arsenic.» Hall a écouté attentivement le savant, il sait qu'il ne parviendra pas à remettre en cause son système de calcul, aussi s'attaque-t-il à quelques points faibles de son procédé. Thorngen, dans son histoire de la criminologie, a reproduit la confrontation entre l'expert et l'avocat. «Nous connaissons maintenant, dit Hall, la façon dont l'expert a procédé pour définir la quantité d'arsenic dans le corps. il a multiplié les doses de poison trouvées dans les prélèvements par des chiffres qui, entre nous soit dit, sont bien élevés. Pour les reins, le coefficient était 60, pour l'estomac 200, pour la musculature 2 000.» Marshall Hall se tourna vers Willcox, lui demandant de confirmer l'exactitude des chiffres cités. Willcox fit un signe affirmatif… «Parlons donc du problème des muscles, enchaîna Marshall Hall. Vous avez multiplié par 2 000 la valeur de l'arsenic découvert dans un échantillon de 6 g, car le poids d'Eliza Barrow équivalait à 60 livres et la règle de Faust que vous avez appliquée évalue la musculature d'un homme à deux cinquièmes de son poids. Est-ce exact ?» Willcox se contenta d'acquiescer. «Parfait. Eliza Barrow pesait du temps de son vivant 140 livres, son cadavre est de 80 livres plus léger. Cette perte de poids est due à l'évaporation de l'eau qui entre dans la composition des tissus humains. Or, les muscles contiennent bien plus d'eau que les autres organes. Etes-vous, d'accord ?» L'expert acquiesça une fois de plus. «Dans ces conditions, poursuivait Marshall Hall, les muscles doivent accuser une perte de poids bien plus importante que les autres organes. La règle de Faust ne peut-être appliquée lorsqu'il s'agit d'un cadavre. La multiplication par le chiffre 2 000 a conduit à des conclusions fausses… Permettez-moi de vous dire que vous avez négligé dans vos calculs un fait essentiel, celui de la perte en eau que subissent les muscles…» Willcox baisse la tête. C'est là un fait important dont il n'a pas tenu compte. — c'est vrai, répond-il, mais cela ne peut influer qu'indirectement sur les valeurs données. Mais la méthode reste valable ! L'avocat s'emporte. — comment pouvez-vous dire que ce n'est pas important ? C'est la vie de mon client que vous êtes en train de jouer ! — on reverra les chiffres, mais l'arsenic était en quantité suffisante pour entraîner la mort… L'empoisonnement ne fait aucun doute ! — c'est ce que vous croyez ! J'ai là la preuve que vous vous êtes trompé ! (à suivre...)