Ordre n La situation est calme en Guinée-Bissau, au lendemain de l'assassinat du Président et du chef d'état-major. Un important dispositif militaire a été déployé, hier, lundi, dans la capitale et ses alentours, après ces deux assassinats. L'armée bissau-guinéenne a, d'emblée, affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat et qu'elle respecterait «l'ordre constitutionnel». «La situation semble encore confuse, mais apparemment tout ceci a été organisé par l'armée. C'est un coup d'Etat», a déclaré, pour sa part, le président de la Commission de l'Union africaine (UA). «Les informations faisant état d'un coup d'Etat sont des spéculations», a pourtant assuré le secrétaire exécutif de la Communauté des pays de langue portugaise (Cplp). Le principal porte-parole de l'armée a offert, hier, lundi, diverses versions. Le Président Joao Bernardo Vieira a «été tué par l'armée au moment où il tentait de s'enfuir de sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d'état-major Tagmé Na Waié», a d'abord déclaré le capitaine de frégate, José Zamora Induta. Le capitaine a accusé Vieira d'avoir été «l'un des principaux responsables de la mort de Tagmé», avant de revenir sur ses déclarations. «Nous n'accepterons pas que des gens interprètent cela comme un coup d'Etat. Ce n'est pas un coup d'Etat, je le répète», a-t-il insisté. «Le Président a été tué par un groupe de gens que nous ne connaissons pas», a-t-il ajouté. Un groupe comprenant les chefs des états-majors des trois corps (air, mer, terre) a rencontré les membres du gouvernement de Carlos Gomes Junior. «En ce moment, l'ordre constitutionnel est respecté avec une transition assurée par le président de l'Assemblée nationale», a déclaré le secrétaire d'Etat portugais aux Affaires étrangères. Selon la Constitution, le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim et organisera une présidentielle dans les 60 jours. Joao Bernardo Vieira, 69 ans, a passé quasiment 23 ans à la tête de cette ex-colonie portugaise située entre le Sénégal et la Guinée. Il avait été réélu à la présidence en 2005, six ans après la fin d'une guerre civile de 11 mois qui l'avait chassé du pouvoir. Ces derniers mois, le chef des armées et le Président nourrissaient une profonde défiance réciproque. Début janvier, le premier avait affirmé avoir échappé à une tentative d'assassinat, accusant le clan présidentiel d'avoir voulu le «liquider». La communauté internationale a condamné ces violences, notamment les responsables africains qui s'alarment de la multiplication des coups de force sur le continent. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a été convoqué pour une réunion extraordinaire, aujourd'hui, ce mardi. La Communauté des pays de langue portugaise (Cplp), réunie en urgence à Lisbonne, a dépêché, hier, lundi, une délégation qui sera suivie d'une mission ministérielle de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).