Thème n Quatre publications consacrées à l'expression et à la pratique théâtrales en Algérie viennent de paraître. Trois de ces quatre publications éditées par le Commissariat du théâtre professionnel rattaché au Théâtre national concernent le thème de la Révolution algérienne dans le paysage théâtral arabe. Autrement dit : comment est perçue la Révolution de novembre 1954 par les dramaturges arabes, et comment elle a été rendue sur les planches, autant sur le plan de la mise en scène que sur le plan de la scénographie. Il s'est agi aussi de montrer comment le langage théâtral peut, tant au niveau du stylistique qu'au niveau de la poétique, a pu véhiculer le combat et la voix du peuple algérien. Ahcen Tlilani, chercheur algérien, a abordé le texte du dramaturge égyptien Abderahmane Charqaoui ayant pour titre «Le malheur de Djamila». «C'est une grande pièce», écrit-il. Et d'expliquer : «D'abord, parce qu'elle est écrite dans un style poétique. Et ensuite, parce qu'elle donne à voir, en cinq actes, une vision à la fois globale et profonde sur la Révolution algérienne.» L'auteur, Ahcen Tlilani, indique, en outre, que la pièce a été écrite et publiée en 1961 en Egypte, et a été mise en scène par Hamdi Ghith en 1962, et ce, à l'occasion du recouvrement de l'indépendance de l'Algérie. L'universitaire algérien Hafnaoui Bouâli écrira, quant à lui, que «la plupart des textes produits dans ce contexte abordant la Révolution algérienne sont des épopées qui racontent les malheurs et les souffrances du peuple algérien durant la période coloniale». «Ils racontent également les affres de l'exil, la discrimination raciale tout comme les inégalités sociales», relève-t-il. Et d'ajouter : «Ces textes abordent aussi l'expérience des prisons.» Hafnaoui Bouâli dira, par ailleurs, que le théâtre arabe s'est intéressé au sujet du révolutionnaire, et ce, à travers la dichotomie chahid / moudjahid. Tout comme il s'est intéressé au rôle de la femme algérienne dans le devenir de la Guerre de Libération national. Ainsi, le théâtre arabe, celui qui s'est penché sur le thème de la Révolution de novembre et l'a développé en le prolongeant et à travers la mise en scène et à travers la scénographie, a réussi, en ces temps-là, à parler des souffrances et des blessures de l'Algérie ainsi que de son espoir et de son désir de recouvrer sa liberté et accéder à son indépendance. Cela revient à dire que le théâtre d'expression et à caractère populaire a joué, à cette époque, un rôle important et substantiel dans l'écriture d'un grand pan de l'histoire de l'Algérie contemporaine.