Résumé de la 27e partie n Tommy confie à Grant, que c'est von Deinim qui l'intéresse le plus. Karl von Deinim est là, et, grâce à lui, nous pourrons remonter la filière jusqu'à notre objectif. Je crois que nous tenons là une très bonne probabilité. D'autant plus que je ne vois pas très bien lequel des autres pensionnaires de Sans Souci pourrait être la personne que nous recherchons. — J'imagine, monsieur, qu'ils ont tous fait plus ou moins l'objet d'une enquête de sécurité ? Grant soupira. Profond soupir qui exprimait toutes ses frustrations. — Non. Et c'est très précisément ce que je ne peux pas faire. Oh ! il ne serait pas difficile de demander au Service de s'intéresser à eux – mais je ne peux pas prendre ce risque, Beresford. Parce que, mettez-vous bien ça dans la tête, le ver est dans le fruit, au sein même du Service. Qu'on chuchote que j'ai, Dieu sait pourquoi, mis Sans Souci sous surveillance et l'organisation sera au courant. C'est pour ça que vous, l'inconnu au bataillon, vous entrez en scène. Et c'est pour ça que je suis obligé de vous laisser travailler dans le brouillard, sans pouvoir vous aider. C'est notre seule chance. En fait, il n'y a qu'une seule et unique personne dont j'ai pu vérifier les antécédents. — Qui donc, monsieur ? — Karl von Deinim lui-même. Ça, ça ne posait pas de problème. Simple routine : je l'ai fait surveiller, non pas sous l'angle Sans Souci, mais en tant que ressortissant allemand. — Et le résultat ? S'enquit Tommy, dévoré de curiosité. Grant arbora un sourire ambigu. — Notre ami Karl est très exactement ce qu'il affirme. Son père a eu la langue trop bien pendue, il a été arrêté, et il est mort dans un camp de concentration. Les frères aînés de Karl sont dans des camps. Et sa mère est morte de désespoir il y a un an. Karl a réussi à passer en Angleterre un mois seulement avant le début des hostilités. Il n'a pas cessé de proclamer son souhait d'aider notre pays. Et je dois dire que son travail dans un laboratoire de recherche en chimie a été remarquable et nous a apporté beaucoup, tant sur le problème de l'immunisation contre les effets de certains gaz que dans nos expériences de décontamination en général. — Alors, il est blanc-bleu ? demanda Tommy. — Pas obligatoirement. Nos petits copains allemands sont réputés pour leur souci du détail. S'ils ont envoyé von Deinim comme agent de renseignement en Angleterre, ils se sont certainement donné tout le mal possible pour que son pedigree coïncide avec ce qu'il raconte. En fait, nous avons le choix entre deux possibilités : ou bien toute la famille von Deinim est dans le coup – ce qui n'aurait rien d'étonnant dans un système totalitaire comme le régime nazi ; ou bien nous n'avons pas en face de nous le vrai Karl von Deinim, mais quelqu'un qui se fait passer pour Karl von Deinim. — Je vois, murmura Tommy. Et, pourtant, je le trouve tout ce qu'il y a de plus sympathique, ce garçon. (à suivre...)