Résumé de la 1re partie n Maria Licona fuit la misère du Honduras et se rend clandestinement à Los Angeles... Le premier chauffeur qui s'arrête lui demande avec un sourire : — C'est quoi ta direction, mon bonhomme ? — Le nord. — Et qu'est-ce que tu vas faire au nord ? — Je vais rejoindre ma mère, qui travaille au Mexique. Je n'ai pas d'argent pour vous payer. Si vous voulez, je vous aiderai à décharger votre camion. — Je ne vais pas jusqu'au Mexique, je m'arrête au Guatemala. Mais ça t'avancera. Et pour le déchargement, ne t'inquiète pas, je m'en chargerai tout seul. La chance sourit à Elmer. Il franchit la première frontière de nuit et les douaniers ne font pas attention : à cette petite forme qui fait semblant de dormir à côté du chauffeur. Une fois arrivé à destination, le routier lui remet quelques quetzals et lui souhaite bonne chance. Et Elmer Licona, le petit coyote, fait preuve de la même débrouillardise au Guatemala. Il lève le pouce au passage des camions, répondant, quand on l'interroge : — El norte... El norte. Et cela marche ! Il arrive à la frontière qu'il franchit encore une fois sans encombre. Le Mexique a beau être bien plus grand que le Guatemala, ce n'est pas cela qui pose un problème à Petit Coyote. Le 19 juin, une semaine seulement après son départ, il est à Ciudad Juarez, la ville frontière en face d'El Paso, la cité jumelle aux Etats-Unis, de l'autre côté du fleuve, affluent du Rio Grande. Et, cette fois, les choses deviennent sérieuses. C'est là, en effet, que se concentrent tous les candidats à l'émigration clandestine et aussi tous les passeurs, qui, moyennant des fortunes, font miroiter aux malheureux et aux naïfs la terre promise. Car pas question de franchir le fleuve à la nage. Il faut passer de l'autre côté caché dans une camionnette ou tenter sa chance à travers le désert de sable, avec un itinéraire qu'on vous indique. Elmer n'a pas le moindre argent, alors il n'est pas tenté par ces marchands de rêve, qui, de leur côté, n'auraient pas l'idée de proposer leurs services à un gamin de dix ans. Qu'importe, d'ailleurs, puisque Elmer a son idée ! Il a appris à la télévision qu'on pouvait se glisser dans le train d'atterrissage d'un avion. Des émigrants vers les Etats-Unis l'ont déjà fait. Et le voilà qui prend le chemin de l'aéroport. Avec sa débrouillardise coutumière, il repère le premier vol en partance pour Los Angeles et parvient à se faufiler sur les pistes. Il ne lui reste plus qu'à grimper dans le train d'atterrissage de l'appareil. Mais Petit Coyote n'a pas été attentif quand il a regardé la télévision. Il n'a pas été jusqu'au bout du reportage : tous ceux qui ont tenté ce moyen d'évasion sont morts. Il n'y a aucune chance de survie. Le froid de la haute altitude tue. Et si par hasard ce n'est pas le cas, à l'atterrissage il est impossible de ne pas être projeté au sol. Il est 11 h 30 et le vol TRA à destination de Los Angeles s'apprête à décoller. Sur la piste, les mécaniciens procèdent aux dernières vérifications. Et, comme ils le font systématiquement, ils regardent le train d'atterrissage. C'est alors qu'à leur stupeur ils voient un enfant sous les roues. Ils le conduisent au poste de police. Le responsable de l'aéroport est abasourdi. — Mais qu'est-ce que tu faisais là ? Elmer éclate en sanglots. (à suivre...)