Débrouille n À l'université, tous les moyens sont bons pour subvenir à ses besoins essentiels. Certains étudiants ne font guère dans la demi-mesure lorsqu'il s'agit de se faire un peu d'argent de poche. Mieux ou pire, ils font tout cela parfois avec une facilité déconcertante. Tout y passe, des travaux manuels, au transfert de crédit téléphonique, le fameux «flexy», jusqu'aux traitements de texte et autre impression-couleur ou noir et blanc, en passant par la vente de café, de boissons, de biscuits et de tabac. Nos étudiants ont plus d'un tour dans leur sac et ils ne manquent jamais d'astuces dans leurs petites escarcelles. Astucieux, mais aussi combatifs. Kamel, un étudiant ayant soutenu sa thèse dans une filière scientifique en septembre dernier, actuellement à la recherche d'un emploi, raconte, avec un brin de nostalgie, les années où il s'était fait, malgré lui, une double vocation : étudiant à certains moments, et maçon à d'autres. Avec un entrain qui lui est propre, il relate : «C'était l'époque où la taloche disputait le petit espace de mon cartable à mes cahiers», et d'ajouter : «Par moments, lorsque j'avais cours le matin, je m'improvisais maçon le soir dans un chantier. Et vice-versa : c'est-à-dire, travail le matin et études l'après-midi !». «Il me fallait cet argent sachant que je devais financer mes études et celles de ma sœur (également étudiante).» D'autres étudiants, garçons et filles, sans doute plus futés que d'autres recourent à des procédés pour le moins ingénieux. Ainsi, et avec l'apparition de la technique du transfert de crédit téléphonique (le flexy) qui, entre-temps, a pris des proportions et fait des adeptes au sein de la corporation estudiantine, certains étudiants en ont fait un fonds de commerce. Ce sont quasiment toutes les résidences qui en sont «dotées», comme nous l'avons constaté de visu. Certains détenteurs de lignes Millenium, une option qui permet à son propriétaire d'effectuer des appels gratuits de 21h à 6 ou 7h, les «louent» en moyenne à raison de 200 DA la nuit. Et pour se faire un coup de pub, nos apprentis commerçants n'ont besoin que de deux outils : un mur et un stylo. Et le tour est joué ! Certains rajoutent à la laideur des lieux en noircissant les portes des chambres et même les murs intérieurs. Il leur suffit donc d'indiquer aux «clients» le numéro de la chambre du propriétaire de la fameuse puce Millenium, l'étage et le pavillon. Peu importe alors l'endroit où l'inscription va être «gravée» Nous avons même relevé que certains utilisaient comme surface d'écriture… la citerne d'eau dont on s'approvisionne habituellement en eau potable ! D'autres, bravant l'interdit, s'improvisent cafetiers ou vendeurs de cigarettes. Du coup, des espaces exigus sont aménagés à l'intérieur même des chambres : les tenanciers des lieux proposent divers produits entre autres du tabac à chiquer aux inusables cigarettes Rym en passant par des biscuits et des sucreries en tout genre. D'autres, pour leur part, louent des postes TV avec films, le tout à raison de 300 DA en moyenne la nuit.