Aujourd'hui encore, on évite de se rendre, la nuit, dans les montagnes, à cause des génies qui les hantent. Certains monts sont vus comme des lieux maléfiques et on ne s'y rend sous aucun prétexte. Au XIXe siècle, l'explorateur allemand, Barth, évoque la montagne idinnen qui inspirait de la terreur aux touareg de la région de Ghat. Au Hoggar, c'est le mont Udan qui était craint, à cause des génies qui le hantaient. Mais la montagne, c'est aussi la manifestation vivante du sacré. Dans ses Dissertations (7, 7), Maxime de Tyr écrit encore sur l'Atlas «Or, l'Atlas est une montagne creuse, assez élevée, s'ouvrant du côté de la mer comme un théâtre du côté de l'air. L'espace qui s'étend au milieu de la montagne, est une vallée étroite, fertile et couverte d'arbres sur lesquels on voit des fruits. Si on regarde du sommet, c'est comme si on regardait dans le fond d'un puits ; il n'est pas possible d'y descendre à cause de la raideur de la pente ; du reste, ce n'est pas permis. Ce qu'il y a d'admirable en cet endroit, c'est l'océan qui, au moment du flux, couvre le rivage et se répand sur les champs ; les flots s'élèvent vers l'Atlas et l'on voit l'eau se dresser contre lui comme un mur, sans couler vers la partie creuse ni toucher la terre ; mais entre la montagne et l'eau, il y a beaucoup d'air et un bois creux. C'est pour les Libyens un temple et un dieu, l'objet par lequel ils jurent, et une statue.»