Résumé de la 1er partie n Il faut dire que la situation est plus qu'inquiétante, ce 21 juin 1940. Les nouvelles venues de France sont catastrophiques.… Monsieur Craig ? Alexander Craig sursaute. Un homme bien mis vient de s'adresser à lui alors qu'il s'apprêtait à gravir les marches du perron. Il acquiesce d'un signe de tête. — Veuillez me suivre, je vous prie. L'inconnu lui désigne une Rolls-Royce noire sans immatriculation, garée devant la Banque d'Angleterre. Etonné, mais flegmatique, en bon Britannique qui se respecte, Alexander Craig monte dans le véhicule sans fire de commentaire. Celui-ci démarre aussitôt. Le trajet n'est pas long : la Rolls-Royce s'arrête devant un autre bâtiment officiel qu'Alexander connaît pour y avoir été à plusieurs reprises, le ministère des Finances. Là, un huissier l'attend et le conduit aussitôt vers le bureau directorial. De plus en plus étonné, Alexander Craig comprend qu'il va rencontrer le chancelier de l'Echiquier, le ministre des Finances en per-sonne. Effectivement, l'instant d'après il se trouve en présence de sir Kingsley Wood, chancelier de l'Echiquier, qui a quitté son bureau et vient lui serrer la main avec chaleur. — Prenez place, monsieur Craig. Je vous attendais. La stupéfaction d'Alexander Craig s'accroît encore. Ils sont seuls dans l'immense bureau ministériel. Que lui veut cet important personnage ? Il va le savoir car celui-ci entre sans plus attendre dans le vif du sujet. — Monsieur Craig, je n'ai pas besoin de vous dire que la situation est préoccupante. Notre pays est en grand danger d'être envahi et nous devons prendre des mesures au cas où les choses tourneraient mal. — Parfaitement, monsieur. — C'est pourquoi j'ai une mission à vous confier, une mission ultra secrète et de la plus haute importance. Si Alexander Craig garde le silence, il n'en pense pas moins. Mais le chancelier de l'Echiquier répond à la question qu'il est en train de se poser intérieurement. — Le gouvernement vous a choisi parce que vos supérieurs vous ont désigné comme le plus honnête et le plus méticuleux des fonctionnaires de la Banque d'Angleterre. D'autre part, votre vie privée est la meilleure garantie de discrétion. Quelqu'un qui n'a qu'un chat et un poisson rouge à qui confier ses secrets est l'homme qu'il nous faut. — Je vous remercie de cette confiance, monsieur le ministre. J'espère en être digne. De quoi s'agit-il ? Sir Kingsley Wood le regarde droit dans les yeux et lui répond sans élever la voix : — D'emporter avec vous toute la fortune de l'Angleterre. Cette fois, malgré son flegme, Alexander Craig reste éberlué, les yeux ronds, la bouche ouverte. D'autant que le chancelier de l'Echiquier poursuit : — Quand je dis «toute la fortune de l'Angleterre», il ne s'agit pas seulement de ce qui appartient à l'Etat, les réserves d'or de la Banque nationale et les titres, avoirs publics, que vous connaissez aussi bien que moi. Il s'agit aussi des biens privés. Depuis plusieurs semaines, les banques ont reçu confidentiellement l'instruction de vider leurs coffres de l'or et des valeurs de leurs clients. Tout a été regroupé dans des entrepôts secrets. (à suivre...)