Résumé de la 3e partie n Sir Kingsley confie à Graig la mission de transporter les richesses du Royaume-Uni au Canada... Le chargement à bord de «l'Emerald» commence. Dès le début, les marins font des réflexions devant le poids inimaginable de ces caisses qui ne font pas plus de quarante centimètres de long et qui sont étiquetées «Poisson». Il faut bien leur dire quelque chose. Alexander Craig s'adresse à l'officier responsable des opérations : — Il s'agit de matériel de guerre très très secret. Je compte sur vos hommes pour garder le silence. — Entendu, monsieur. Personne ne parlera. Le chargement est long et difficile, car il ne se limite pas à un simple problème de manutention. Un navire de guerre comme «l'Emerald» est normalement étudié pour ne transporter que son carburant, ses munitions et les équipements dont il a besoin. Une cargaison d'un tel poids risque de modifier son centre de gravité et de le rendre vulnérable en cas de tempête, ainsi que de modifier la ligne de tir des canons. Il faut donc répartir les caisses le plus également possible. On en met un peu partout : dans les cales, dans les coursives, dans l'infirmerie, dans le mess et même dans les cabines du commandant Flynt et d'Alexander. Tout cela, évidemment, multiplie les risques d'indiscrétion, même si l'on peut faire confiance aux marins de Sa Majesté. 23 juin 1940, minuit. Tous feux éteints, le croiseur «Emerald» quitte la rade de Greenock. Au poste de commandement, Flynt échange ses impressions avec Alexander. Il n'est guère optimiste. — La chose s'annonce mal. Le radio vient de m'avertir que les Allemands diffusent un message depuis Brest : «Nous savons que vous préparez un convoi. Nos sous-marins vous attendent !» — Il s'agit peut-être d'intoxication. — Peut-être. Mais la menace ne peut pas être prise à la légère. Les Allemands ont coulé 350 000 tonnes de navires marchands le mois dernier. — Vous m'avez dit que deux destroyers anti-sous-marins nous rejoindraient en pleine mer. — Oui, mais pourront-ils rester ? On annonce une très sérieuse tempête. Une tempête... Alexander Craig fait une grimace de contrariété. Jusqu'à présent, son seul contact avec la mer se limitait à un bain de pieds dans la station balnéaire de Brighton. Il n'avait jamais voulu se rendre en France, de peur d'avoir le mal de mer en traversant le Channel. Mais, comme on dit, à la guerre comme à la guerre ! La météo ne s'était pas trompée. Alors que «l'Emerald» vient de dépasser l'Irlande la tempête se lève d'un coup. Elle est si violente que malgré sa masse le croiseur est ballotté en tous sens. S'il parvient tout de même à garder son cap et sa vitesse, il n'en est pas de même des deux destroyers qui l'accompagnent. Ils sont beaucoup plus petits et ils doivent réduire considérablement l'allure pour ne pas couler. Sans eux, «l'Emerald» serait sans protection contre les sous-marins, car ceux-ci sont en dessous du mauvais temps et ils peuvent parfaitement envoyer leurs torpilles. Alors, pour rester à leur hauteur, il fait des zigzags au milieu des vagues gigantesques. Alexander Craig, lui, n'a pas le temps de se préoccuper des sous-marins : il ne pense qu'à ses caisses. Et il a du souci à se faire. La tempête a rompu les amarres de plusieurs d'entre elles. (à suivre...)