Dans la tradition algérienne, le feu est un élément ambivalent, tantôt positif, tantôt négatif. On garde le lointain souvenir de l'homme primitif qui allumait des feux pour éloigner les bêtes sauvages. C'est le feu qui rend digeste la nourriture et lui donne de la saveur. Il permet aussi de lutter contre le froid, c'est un élément de convivialité, les veillées se faisant toujours autour d'un feu. Enfin, les feux allumés dans le désert ou dans les mers indiquent la bonne direction à prendre. Le Coran, qui assimile souvent le feu à l'enfer, évoque aussi son rôle positif : «Avez-vous vu le feu que vous obtenez par frottement. Est-ce vous qui avez créé l'arbre ou est-ce nous le créateur ? Nous avons fait (du feu) un rappel (de l'enfer), mais aussi un élément utile pour ceux qui en ont besoin» (sourate 56, v. 71-73). Le feu, c'est aussi un symbole de la vie spirituelle : c'est le soleil de la foi, la lumière qui montre le chemin, le guide vers la vérité. C'est encore un symbole de la vie éternelle, voire de la divinité. Dieu parle à Moïse dans un buisson. Le Prophète retourne en Egypte, avec sa famille. Brusquement, ils voient un feu du côté du Mont Sinaï (tawr). Il dit à sa famille de l'attendre et va dans la direction du feu, dans l'intention de ramener un tison pour se chauffer, mais quand il arrive, il entend une voix l'appeler à partir d'un arbre : «Ô Moïse, c'est Moi, Dieu, le Seigneur des Mondes…» (s. 28, le Récit, v. 30). Ici, le feu est rayonnement et spiritualité. Il invite à l'adoration et à l'élévation spirituelle.