Résumé de la 44e partie n Tommy et Mr Bletchley visitent le Repos du contrebandier, un cottage appartenant à un allemand : Mr Hahn... Et vous croyez peut-être qu'il aurait confié les travaux à un entrepreneur du coin ? Je t'en fiche ! A une entreprise de Londres, oui ! Enfin, soi-disant. Parce que la plupart des ouvriers étaient des étrangers. Il y en avait même quelques-uns qui ne parlaient pas un mot d'anglais. Ça sent mauvais, tout ça, non ? — C'est à tout le moins bizarre, concéda Tommy. — Moi-même, à l'époque, je vivais dans les parages. Une bicoque. Mais je m'intéressais à ce que ce type faisait faire. J'aimais bien traîner près du chantier pour regarder travailler ces pékins. Et je peux vous dire une bonne chose : ça ne leur plaisait pas – ça ne leur plaisait pas du tout ! Deux ou trois fois, ils se sont même montrés assez agressifs. Pourquoi diable, je vous le demande un peu, s'il n'y avait pas anguille sous roche, hein ? Le major Bletchley hocha la tête. — Vous auriez dû avertir la police. — C'est exactement ce que j'ai fait, mon bon ami. J'ai tellement enquiquiné les flics que je me suis rendu parfaitement impopulaire. Il se versa un autre verre. — Et ça a servi à quoi, je vous le demande ? A rien ! Une indifférence polie. A croire que, dans ce pays, tout le monde était aveugle et sourd. Une nouvelle guerre avec l'Allemagne ? Pas question ! La paix en Europe... nos bons rapports avec les Allemands... la sympathie mutuelle de nos deux peuples ! Bref, je passais pour un vieux fossile, un fauteur de guerre, un boutefeu. A quoi bon leur expliquer que les petits copains, là-bas, n'étaient sûrement pas en train de monter la plus puissante aviation d'Europe pour le plaisir de faire des loopings ou d'emmener leurs mignonnes en pique-nique ? — Et personne ne vous a cru ! explosa le major. Bande d'abrutis ! «La paix pour notre temps.» «Faisons des concessions.» Quel baratin ! Sous l'effort qu'il faisait pour maîtriser sa colère, le teint fleuri du capitaine de frégate vira à l'écarlate. — Belliciste, voilà de quoi ils m'ont traité. Les gens comme moi, c'étaient des obstacles à la paix, voilà ce qu'ils m'ont dit. La paix ! Moi, je le savais bien ce que mijotaient nos amis les Huns ! Et, mille sabords, ce sont des types qui préparent tout longtemps à l'avance. J'étais convaincu que ce Hahn ne valait rien de bon. Ses ouvriers étrangers ne me disaient rien qui vaille non plus. Et tout l'argent qu'il dépensait ici, ça ne me plaisait pas. Alors, je n'ai pas arrêté de me pendre au signal d'alarme. — Vous avez eu du cran ! le félicita le major. — Mais, à la fin, on a fini par me prendre en considération. Un nouveau chef de la police est arrivé ici, un officier à la retraite. Il a eu le bon sens de m'écouter. Ses gars ont commencé à fourrer leur nez un peu partout. Et l'ami Hahn a pris la poudre d'escampette. Par une belle nuit, sans crier gare, il a filé. Les flics ont obtenu un mandat, et ils ont perquisitionné. (à suivre...)