Avis n Des enseignants en sciences politiques, interrogés sur l'évolution des méthodes de communication politique en Algérie, estiment qu'il est prématuré de parler de marketing politique. Du moins comme nous le voyons dans les démocraties occidentales. Cela est dû, selon eux, à différentes raisons. D'abord, on ne peut comparer l'Algérie à la France ou aux Etats-Unis d'Amérique pour ce qui concerne l'expérience démocratique. Lorsqu'on a commencé à parler de marketing politique comme une nouvelle science académique et une pratique démocratique dans ces pays dans les années 1960, les Algériens vivaient sous la domination du régime du parti unique. A présent et malgré toutes les avancées, l'Algérie a encore un long chemin à parcourir pour atteindre le niveau de ces pays pour ce qui est des pratiques et de l'expérience démocratique. A cette évidence, on peut ajouter aussi l'inégalité des chances pour les hommes politiques d'accéder au pouvoir, le verrouillage médiatique et la fermeture du champ audiovisuel, le manque de spécialistes publicitaires dans le domaine politique et d'études dans ce sens causé essentiellement par le retard dans l'introduction de l'enseignement de ces techniques. Il y a aussi les difficultés financières auxquelles sont confrontés souvent les candidats qui se présentent à diverses élections. Le problème du manque de formation politique et l'amateurisme de plusieurs de nos hommes politiques expliquent aussi le retard enregistré dans ce domaine. Mais malgré cela, et comme l'expliquent les connaisseurs, on a remarqué, depuis l'élection présidentielle de 1999, l'introduction de nouvelles méthodes dans les campagnes électorales basées sur des stratégies de publicité et de propagande politique, même si ce sont des techniques traditionnelles. Comparées à la campagne en cours, celles de 1999 et de 2004 étaient plus intéressantes, du moins sur le plan de la communication politique. «En 1999 et même s'il y avait des disparités entre les candidats en ce qui concerne les moyens financiers, les Algériens avaient quand même l'occasion de suivre des campagnes électorales menées par des candidats et des personnalités charismatiques comme ils ont pu assister à des débats politiques de haut niveau», remarque un enseignant de sciences politiques. Les élections de 2004 étaient aussi plus intéressantes du fait que deux candidats, Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis, avaient mené des campagnes à l'américaine avec de gros moyens financiers. Ces deux candidats se sont illustrés par leur démarche de marketing électoral dont les concepteurs étaient de grands spécialistes en communication politique.