Justification Devant les gendarmes, le coupable expliquera son acte par le refus de la victime de lui restituer cette somme qu?il lui avait prêtée. Dans la localité d?El-Harrach, le 27 octobre 2001, une fâcheuse altercation a lieu entre les voisins Mohamed (30 ans) et Karim (29 ans) au niveau du marché. Le premier venait d?agresser à l?aide d?un couteau le second, qui s?en est sorti avec des plaies sur tout le corps, dont trois au niveau de la poitrine. Aussitôt alertés, les éléments de la gendarmerie dépêchés sur les lieux trouvent Karim maculé de sang pendant que le témoin principal, Hakim, sauveur de ce dernier, tenait Mohamed l?agresseur. Devant les gendarmes, le coupable imputera son acte au refus de la victime de lui restituer une somme de 5 000 DA qu?il lui avait prêtée. Interrogé le même jour sur son lit d?hôpital, Karim dément catégoriquement cette information en faisant savoir aux hommes de loi que peu avant le drame, son bourreau qui grelottait de froid, lui avait demandé de lui offrir un café pour se réchauffer. Quant à Hakim, il dira avoir trouvé la tête de la victime sous l?aisselle de Mohamed qui s?acharnait sur lui : aidé par sa corpulence athlétique, il sauva le blessé tout en arrêtant le forcené qu?il a lui-même remis aux gendarmes. Un certificat médical attestant les nombreuses blessures ayant nécessité dix points de suture et 15 jours de repos fut remis à Karim, pièce confirmée par le médecin légiste de l?hôpital Mustapha. Lors de sa première comparution devant le magistrat instructeur en date du 28 octobre 2001, le prévenu a maintenu la version livrée à la gendarmerie, en ajoutant que Karim le traitait de tous les noms. Cet élément aussi sera nié par la victime qui dira ne rien comprendre à cette agression gratuite, n?étaient, peut-être, les éventuels intermédiaires qui lui avaient monté la tête. En tout état de cause, Mohamed fut emprisonné pour tentative de meurtre en application des articles 30, 254 et 263 alinéa 3 du Code pénal. Présenté début janvier 2004 devant le tribunal criminel près la cour d?Alger, Mohamed réitère les mêmes déclarations que lors de ses interrogatoires. Près de lui se dressait Karim qui garde toujours les séquelles de cette journée fatale où il a échappé de justesse à la mort grâce à un homme de bonne foi qu?il l?a secouru. Ce dernier donna pour énigmatique cet acte, dans la mesure où aucun différend ne l?opposait auparavant à son agresseur. Tour à tour, le président et l?avocat général rappelèrent au prévenu la gravité de son acte, sachant que son premier coup de couteau avait été donné dans le dos. Devant son état de santé qui ne présentait aucune anomalie, selon l?expertise médicale du 21 mai 2002, l?accusé ne pouvait trouver d?argument valable pour se disculper. Les avocats de la défense se succédèrent à la barre pour s?étaler dans une longue plaidoirie. Ils usèrent de toutes les astuces possibles afin d?annuler le chef d?inculpation retenu contre leur mandant en le jugeant pour coups et blessures, écartant la tentative d?homicide volontaire. Le représentant du ministère public, dans son réquisitoire, a refait lecture de l?arrêt de renvoi judiciaire avant de rappeler encore une fois à l?accusé la gravité de son geste qui a failli atteindre l?irréparable n?était l?intervention du témoin sauveur. Pour cela il requiert une peine de 7 années de prison ferme à l?encontre de Mohamed. Suite aux délibérations et après consultation de l?enquête médicale concernant l?accusé, la peine prononcée par l?avocat général fut maintenue, à savoir 7 ans de réclusion, en vertu des articles 30, 254 et 263 alinéa 3 du Code pénal.