Constat n Les droits durement acquis par les femmes ne sont aujourd'hui que formels face au recul que connaît la société algérienne, selon le Ciddef. Si les textes officiels lui reconnaissent tous ses droits de citoyenne, dans la réalité, la participation de la femme à la vie politique reste presque insignifiante. Son accès aux fonctions électives demeure très difficile et les postes de prise de décision restent essentiellement la chasse gardée des hommes. L'analyse faite par le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef) permet de vérifier le fossé qui existe entre les textes et une société frappée par une crise multidimensionnelle. Les pesanteurs socioculturelles et le discours rétrograde sont aujourd'hui toujours dominants. Les opinions se réclamant de la religion ou de la coutume ou des deux en même temps, ont largement favorisé l'exclusion de la femme de cet espace. L'enquête réalisée par le Ciddef en 2000, portant sur ce même sujet, avait fait ressortir une évolution des mentalités assez remarquable. On pouvait donc s'attendre à ce que l'opinion des Algériens, huit ans plus tard, soit en faveur d'une présence féminine plus soutenue dans la sphère politique. Une lecture qui est aussitôt démentie avec la publication des résultats de l'enquête de 2008. Alors qu'en 2000, 70% des Algériens, soit 60% des hommes et 81% des femmes se disaient disposés à élire une femme à un poste de maire, en 2008, cette proportion a baissé à 53%. 70% se disaient aussi disposés à élire une femme à un poste de député en 2000 et ils ne sont plus que 53%, 8 ans plus tard. Enfin, 55% des Algériens étaient prêts à élire une femme comme présidente de la République en 2000 contre 36% seulement en 2008. Des chiffres qui décourageraient, sans doute, plus d'une militante qui était pourtant bien prête à sortir des rôles traditionnels imposés à la femme au lendemain du pluralisme politique et associatif. La question de la représentation des femmes dans les institutions politiques est donc posée dans une société agitée par de profondes transformations devant le désengagement de l'Etat. La responsabilité de ce dernier est, à cet effet, avérée et il est plus que jamais interpellé. Le pouvoir «dispose de solutions viables et de politiques alternatives pouvant être rapidement choisies, arrêtées et appliquées pour rendre le principe d'égalité entre l'homme et la femme, effectif», affirme le Ciddef. La dynamique d'émancipation engagée par les autorités a été, essentiellement, basée sur l'instruction massive des filles. Un projet qui a prouvé ses limites en l'absence de mesures d'accompagnement à même de favoriser l'exercice effectif des droits de citoyenneté par les femmes.