L'intérêt pour le rêve s'accroît au XIXe siècle, mais les auteurs s'intéressent surtout à leurs expériences personnelles, et ne donnent pas de théorie du rêve lucide. Avec Hervey de Saint-Denys (1822-1890), on assiste à un tournant dans les études sur le rêve. Les préoccupations intellectuelles du marquis d'Hervey ne le prédisposaient pas à l'analyse des rêves – il s'intéresse à l'Orient et plus particulièrement à la Chine sur laquelle on lui doit quelques ouvrages – mais le rêve l'attire. En 1867, il publie, à titre anonyme, un livre au titre évocateur : Les rêves et les moyens de les diriger. Il y publie des observations sur ses expériences personnelles sur ses rêves et des idées sur le rêve lucide. C'est encore enfant que Hervey de Saint-Denys a commencé à s'intéresser au rêve. Il est vrai, comme il le raconte, qu'il a eu une enfance solitaire. «Élevé dans ma famille, où je fis mes études sans condisciples, je travaillais seul, loin de toute distraction comme de toute surveillance, ayant à produire mes compositions à heure fixe, libre de couper d'ailleurs mes heures de classe suivant mes inspirations et mon bon plaisir. Ainsi livré à moi-même, il m'arrivait fréquemment d'achever ma tâche avant que le moment ne fût venu de la produire.» Un peu plus loin, il continue : «J'avais treize ans, lorsque je commençais à tenir très régulièrement le journal de mes rêves. Ce journal, qui forme vingt-deux cahiers remplis de figures coloriées, représente une série de mille neuf cent quarante-six nuits, c'est-à-dire de plus de cinq années…»