Il ne faut pas non plus ignorer que le rêve lucide a suscité des critiques et que dès la fin du XIXe siècle, des auteurs, spécialistes des rêves, se sont opposées aux théories du marquis Hervey de Saint-Denys. Ainsi, Alfred Maury, auteur d'essais sur le rêve écrit : «M. le marquis Hervey de Saint-Denis se fonde, pour soutenir que durant le sommeil la volonté et l'attention demeurent ce qu'elles sont à l'état de veille, sur certaines observations qui lui sont personnelles et dans lesquelles le dormeur conduit et modifie à son gré la trame du rêve ! Mais les curieux exemples que cite le savant sinologue, nous montrent seulement que, préoccupé par sa théorie de la liberté de la volonté dans le songe, il poursuivait en rêvant les pensées qui l'occupaient avant de s'endormir. C'est là un phénomène qui n'est pas rare. Je l'ai deux ou trois fois, constaté par moi-même. Il m'est arrivé de continuer, après m'être endormi, l'ordre de réflexion qui m'absorbait avant que le sommeil se fût emparé de moi. L'esprit demeure alors éveillé pour une certaine suite d'opérations mentales, parlons plus exactement : il se réveille pour renouer promptement la chaîne de ses idées un instant interrompue. La volonté a pu préparer les conditions favorables à la production du phénomène, mais ce n'est pas elle qui a fait agir l'esprit dans le rêve ; celui-ci continue spontanément ce qu'à l'état de veille il faisait volontairement.» Le rêve lucide n'est donc qu'un réflexe de la pensée, qui finit par se retirer. Il n'y a pas de liberté d'action dans le rêve.