Le trafic de drogue a explosé, ces derniers mois. D'ici à la fin de l'année, les saisies pourraient atteindre 60 tonnes. Soit un peu plus de la moitié de la quantité totale saisie entre 1992 et… 2008, estimée à 116,4 tonnes de cannabis. Cette progression inquiétante du phénomène serait en relation avec la dégradation de la situation sociale de bon nombre de familles… marocaines ! Celles-ci, ne pouvant plus vivre du tourisme — crise oblige — se sont reconverties dans le trafic des stupéfiants. Depuis le début de cette semaine, pas moins de 2 751 kilogrammes de kif traité ont été interceptés par les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales au niveau des plages des wilayas de Aïn Témouchent et d'Oran. La plus importante prise a eu pour théâtre la plage de Sbiaât, dans la wilaya de Aïn Témouchent, où les éléments de la Gendarmerie nationale ont intercepté un pneumatique à bord duquel ils ont trouvé 2 600 kilogrammes de cannabis. Cette quantité était dissimulée dans plusieurs colis portant les mentions «K S 2009», selon la Gendarmerie nationale, qui a également révélé que des produits alimentaires, de l'eau minérale, de l'huile pour moteur et des gilets de sauvetage ont été découverts à bord du pneumatique. L'opération, il est clair, porte la signature de réseaux spécialisés qui semblent de plus en plus privilégier la voie maritime pour introduire ce poison mortel dans notre pays à partir du Maroc. Il faut dire que les services de sécurité ont resserré l'étau sur eux, ces derniers mois, avec des contrôles fréquents et minutieux au niveau des frontières. Selon des statistiques officielles, les saisies opérées depuis le 1er janvier dernier dépassent les 20 tonnes, contre 38 tonnes tout au long de l'année dernière. D'ici à la fin de l'année, elles pourraient atteindre 60 tonnes, à en croire certaines prévisions. Soit un peu plus de la moitié de la quantité saisie entre 1992 et 2008 estimée à 116,4 tonnes de cannabis, a indiqué, hier, mardi, Aïssa Kasmi, cadre à l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt), au cours d'une rencontre de formation organisée à Alger. Pour expliquer les proportions alarmantes prises par le trafic de drogue, il a fait remarquer qu'une «grande partie de la production marocaine du cannabis passe par les principaux ports algériens à destination de l'Europe». Et de préciser que 73,87% de ces quantités sont acheminées en Europe et 26,13 sont destinées à la consommation locale. Dans cet ordre d'idées, certains analystes font le lien entre la dégradation de la situation sociale de bon nombre de familles marocaines du fait du recul du nombre de touristes étrangers sous l'effet de la crise financière internationale et la progression du phénomène de trafic de drogue dans notre pays. Une chose est certaine en tout cas : «L'objectif recherché par les réseaux criminels qui répandent la drogue est d'inonder le pays de cette substance illicite», a noté, hier, le premier responsable de l'Onldt, Abdelmalek Sayeh. «Le fléau prend, de jour en jour, une ampleur alarmante», a-t-il ajouté. «Une recrudescence des homicides volontaires est à déplorer, en raison de nombreux fléaux, tels que la drogue», avait souligné, pour sa part, le procureur général adjoint près la Cour d'Alger, il y a quelques jours.