Résumé de la 2e partie Peter espérait jusqu?au bout que Marjorie avait fait une fugue. Mais un policier lui apprend qu?on vient de découvrir son corps. Vous savez, dans ces cas-là, la moindre petite plaie, un ongle de travers, le plus petit détail peut nous aider. ? Je la reconnaîtrai, si c?est elle. Je connais Marjorie, je connais bien ma femme, vous savez. Je la reconnaîtrai si c?est elle. Le chariot et le drap blanc sont là, devant Peter. Il retient sa respiration, il croise les doigts puérilement derrière son dos, comme s?il pouvait conjurer le sort. Mais c?est elle. Elle a ce visage étrange et terrifiant des êtres que la mort habite depuis longtemps déjà. Mais c?est elle. Ce sont ses cheveux, son nez, sa bouche, ses mains. Des mains nues, sans bijou et sans alliance. Marjorie n?en portait pas. Elle disait que les lessives abîmaient autant ses mains que les bijoux. Elle n?a plus de vêtements. Elle est morte nue et noyée, sans trace de violence. La petite cicatrice d?appendicite est là. Peter serre les dents, car le spectacle est dur. L?infirmier laisse retomber le drap, Peter signe un papier d?identification. On accroche une étiquette au chariot avec le nom de Marjorie, c?est fini. L?angoisse est arrivée au bout. La torture est terminée. Peter est veuf, ses enfants n?ont plus de mère. Marjorie s?est suicidée, selon toute vraisemblance, en se jetant dans le fleuve. Elle ne savait pas nager, elle s?est noyée. Il y a l?enterrement, la tombe de granit. Et Peter reprend le dessus. Il le faut bien. Quatre mois et quelques jours passent. L?automne est là. La soirée est douce. Dans le pavillon aux volets verts, il y a Peter dans la cuisine, qui prépare le thé avec sa fille Margareth, douze ans. John, quinze ans, fabrique une maquette de bateau dans sa chambre. Olivier, neuf ans, joue avec le chien, Stefanie, sept ans, lit un livre d?images avec son petit frère Eliot, cinq ans. On frappe à la porte. Olivier et le chien courent à la porte. Le chien grondant, Olivier lui intime de se taire? Le soir tombe à peine, et la lumière du couloir éclaire une silhouette sur le pas de la porte. Une silhouette immobile, vêtue d?un imperméable bleu. Le silence est tout à coup si bizarre que Peter crie de la cuisine : «Qu?est-ce que c?est ? Qui est là ?» Personne ne lui répond. Et le chien se met à grogner méchamment. Alors, de sa chambre, John dégringole en courant, Stefanie et Eliot se glissent dans le couloir, Margareth et son père les suivent. Le chien grogne toujours. La silhouette est toujours immobile sur le pas de la porte, et la voix redit : «C?est moi.» C?est terrifiant. Marjorie est là. C?est elle, vivante, normale, avec son air habituel, ses cheveux, son foulard. Peter a la tête qui tourne, les aînés se resserrent, s?imbriquent les uns dans les autres, pétrifiés de peur. Seul le petit dernier dit d?une voix claire, étonnée, un peu sanglotante : «C?est maman? Papa, c?est maman ! Papa, elle est sortie de la tombe. C?est maman, hein ? Dis, papa? Papa ? C?est maman ?» La suite est indescriptible. C?est un mélange de peur, de joie, de questions... (à suivre...)