Plus de 320 femmes et filles ont été assassinées à Juarez depuis 9 ans. Selon des profilers du FBI et d'autres experts, environ 90 d'entre elles sont considérées comme les victimes d'un ou de plusieurs tueurs en série. Ces meurtres incluent des mutilations, des tortures, des viols, des coups de couteau ou des meurtres par armes à feu, et les corps ont été découverts par petits groupes. Les meurtres continuent, bien que les autorités affirment à chaque fois que les assassins ont été arrêtés. La dissimulation d'informations, des preuves «contaminées» et donc inexploitables, l'intimidation de témoins et un système policier et judiciaire corrompu, ajoutés à des «officiels» incompétents, impatients d'accuser quelqu'un pour qu'ils puissent déclarer que l'affaire est close, ont tout simplement saboté les enquêtes. Oscar Maynez Grijalva, ancien chef du département médico-légal de la province de Chihuahua, a travaillé sur les affaires les plus récentes, concernant huit femmes découvertes en novembre 2001. Il explique : «On nous a demandé de placer des preuves chez deux conducteurs de bus qui étaient accusés des meurtres. Des policiers nous ont apporté des objets que nous devions mettre dans le van qui, selon ces policiers, avaient été utilisé pour enlever les femmes. Nous avions déjà vérifié ce van et d'autres véhicules appartenant aux deux conducteurs de bus. Nous avions cherché des cheveux, des fibres et du sang, tout ce qui pourrait lier les deux suspects aux victimes. Mais nous n'avions rien trouvé, absolument rien.» Outré, Oscar Maynez a rendu compte de la venue des policiers à ses supérieurs. Il a ajouté qu'un tueur en série était sans doute responsable des meurtres, et non pas plusieurs hommes différents à chaque fois. Le procureur général de la province de Chihuhua, Jose Ortega Aceves a affirmé : «Pour autant que je sache, personne n'a demandé à Monsieur Maynez de placer des preuves dans ce van. Les suspects (qui ont expliqué avoir été torturés) ont avoué les meurtres, et c'est une partie importante de l'enquête.» Oscar Maynez, qui a démissionné le 2 janvier 2002 par frustration, dit qu'il a été menacé depuis qu'il a parlé de la corruption ambiante à un journal local. Le procureur Ortega affirme : «Nous avons l'intention d'enquêter sur ces allégations si l'on nous présente des preuves.» En janvier, Jorge Campos Murillo, un député fédéral de Mexico travaillant pour Jose Ortega, a prétendu que des «jeunes» ?des fils de familles riches ? étaient liés à certains des meurtres, précédés de viols et de tortures. Peu après, il a été transféré dans une autre section du bureau du procureur général. Il ne répond plus à aucune question concernant les meurtres de Juarez. D'autres membres de la police et de la justice mexicaines affirment que six personnes de la région Juarez-El Paso et de Tijuana font enlever des femmes pour se livrer à des orgies et les tuer. Ces six personnes, qui seraient des hommes riches et puissants et qui traversent la frontière régulièrement, sont engagés dans des commerces majeurs, sont associés aux cartels de la drogue et/ou ont des liens avec l'administration du président Vicente Fox. En réponse à ces allégations, Gabriela Lopez, porte-parole du bureau du procureur général à Mexico, dit : «Ces affaires ne tombent pas dans la juridiction fédérale... Le bureau du procureur général de la province de Chihuahua s'occupe de ces affaires.» (à suivre...)