Les vétérinaires aspirent à structurer et à organiser leur profession. En effet, contrairement à beaucoup d'autres professions libérales, les vétérinaires ne sont toujours pas dotés d'un organe moralisateur. Dans ce contexte, une grande anarchie caractérise leur activité. De leur propre aveu, elle fait même l'objet d'un délitement spectaculaire. Aujourd'hui, dans l'exercice de leur métier, les vétérinaires, qu'ils soient praticiens privés, fonctionnaires dans les services de l'agriculture des wilayas ou enseignants dans les universités, subissent au quotidien un cadre de travail des plus désagréables. Manque d'outils d'investigations, insécurité quotidienne dans l'exercice de leur métier, autonomie dans l'action inexistante, trafics de certificats d'orientation d'animaux aux abattoirs, etc., on ne compte plus les nombreux dysfonctionnements qui handicapent sérieusement le travail du vétérinaire en Algérie. Pour remédier à cela, les vétérinaires se sont mobilisés ces dernières années pour créer l'ordre national des médecins vétérinaires dont la naissance tarde à voir le jour pour des blocages de nature administrative. Sans cette institution parapublique, ils demeurent livrés à eux-mêmes face aux multiples difficultés qu'ils doivent surmonter quotidiennement. Ainsi, les quelque 6 00 vétérinaires algériens pratiquant dans le privé et les 1 700 autres exerçant dans le public, sans compter les 12 000 au chômage, ont plus que jamais besoin, à l'instar de leurs confrères étrangers notamment marocains et tunisiens, d'un conseil de l'Ordre qui sera garant de la déontologie de la profession. Doté d'une compétence organique (établissement d'un tableau) et disciplinaire lui permettant de sanctionner les manquements au code de déontologie, l'ordre national des vétérinaires mettra, sans nul doute, «un peu d'ordre dans la maison». Ainsi l'ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a accordé en mai 2008 une audience à la commission nationale provisoire de l'ordre des médecins vétérinaires afin d'étudier les textes relatifs au code d'éthique et de déontologie et au statut du conseil de l'Ordre pour la profession. Mais depuis l'arrivée à la tête dudit ministère de Rachid Benaïssa, lui-même de la corporation, le dialogue a été interrompu et les vétérinaires attendent toujours une notification officielle de leur tutelle pour accélérer la mise en place de leur ordre national. Cette attente, qui a trop duré, est aujourd'hui de plus en plus insupportable pour ces vétérinaires qui s'inquiètent plus que jamais du devenir de leur métier… A. S.