Constat n Les jeunes diplômés de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (Ensv) éprouvent d'énormes difficultés pour décrocher un emploi dans leur spécialité. Cela est dû au grand nombre de diplômés, d'une part, et, d'autre part, à l'incapacité des cabinets privés et des services agricoles à absorber l'ensemble des vétérinaires. C'est le cas de Abderrahim Benouadah, un jeune vétérinaire, diplômé en 2007, qui s'est retrouvé contraint d'opter pour la fonction de délégué médical auprès de l'Aahp, un laboratoire de production de médicaments pour animaux. Ce jeune, originaire de Bordj Bou-Arréridj, affirme qu'il lui est difficile d'ouvrir un cabinet privé en raison des énormes contraintes de ce métier sur le terrain. «Je suis spécialisé dans l'aviculture et pour me faire connaître en qualité de vétérinaire privé, il me faut de grands sacrifices et de longues années de patience car même les éleveurs préfèrent solliciter les services des anciens vétérinaires », explique-t-il. La principale source de difficultés dans ce métier réside dans le fait qu'il est axé sur deux volets : le sanitaire et le commercial. «Pour réussir en tant que jeune vétérinaire, il faut proposer ses services à des prix beaucoup plus bas que ceux appliqués par les anciens vétérinaires. Mais même cette option s'avère temporaire, puisque les éleveurs font appel au jeune vétérinaire, mais ils finissent toujours par douter de ses compétences. Le dilemme réside dans la manière de faire une combinaison correcte entre les services proposés et le prix à appliquer», précise ce jeune vétérinaire de 29 ans. Selon lui, le jeune vétérinaire n'a d'autre choix que de s'appuyer sur ses connaissances personnelles pour pouvoir se faire un nom dans le domaine. Cette réalité «amère» du terrain a poussé des centaines de vétérinaires à abandonner le métier et opter pour d'autres créneaux afin de se mettre à l'abri du chômage. Notre interlocuteur, à l'image de milliers d'autres jeunes diplômés en médecine vétérinaire, a opté pour le métier de délégué médical. «Les écoles de formation de vétérinaires sont devenues les premiers pourvoyeurs de délégués médicaux qui sont, dans la plupart des cas, exploités par les laboratoires pharmaceutiques pour des salaires de misère. Et c'est pour cette raison qu'il faut baisser le nombre des nouveaux diplômés dans cette filière», a expliqué, pour sa part, Karim Adjoud, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort (Paris). D'ailleurs, même les cabinets privés sous-estiment les délégués médicaux qui viennent leur proposer des produits pharmaceutiques, estimant que ces jeunes diplômés n'ont aucune connaissance de la réalité du terrain, regrette Abderrahim Benouadah qui affirme, par ailleurs, que des centaines de vétérinaires finissent par abandonner ce métier de délégué médical et opter pour d'autres métiers qui n'ont aucun lien avec leur formation universitaire. Il faut dire que le grand nombre de diplômés et la quantité du cheptel élevé dans notre pays constituent la principale source du calvaire des jeunes vétérinaires. La solution consiste, selon le Pr Adjoud, en l'amplification du cheptel et la mise en place des lois obligeant les éleveurs à procéder à des consultations et des vaccinations périodiques de leur cheptel.