Résumé de la 98e partie n Haydock emmène Tommy dans son bureau où il lui explique qu'il fait partie des services secrets... C'est évident, répondit Mr Meadowes, c'est évident. Je suis fasciné. Il va de soi que vous pouvez compter sur moi pour rester bouche cousue. — Oui. C'est vital. Cette opération doit demeurer rigoureusement confidentielle. — Je comprends très bien. Mais votre travail doit être grisant. Absolument grisant. Je vous avoue que j'aimerais bien en savoir plus. Mais j'imagine que je n'ai pas le droit de poser des questions... — Je crains bien que non. C'est ultra-secret, vous savez. — J'imagine. Je vous fais vraiment toutes mes excuses... Une maladresse pareille... Mais il pensait en lui-même : «Il ne va quand même pas gober ça... Croire que je me suis laissé prendre à ses balivernes...» Ça lui paraissait inimaginable. Mais il se souvint que, pour bien des hommes, c'est dans la vanité que réside le défaut de la cuirasse. Le capitaine Haydock se croyait supérieur, en intelligence et en force physique. A ses yeux, ce pauvre Meadowes n'était qu'un Britiche stupide et borné - le genre d'imbécile à qui on peut faire avaler n'importe quoi. Fasse le ciel que Haydock persiste à le penser... Tommy continuait de parler, faisait étalage de son intérêt et de sa curiosité. Il savait bien, disait-il, qu'il ne lui fallait poser aucune question, mais... Les activités occultes du capitaine Haydock devaient être très dangereuses, non ? Avait-il déjà eu l'occasion d'aller en Allemagne et d'y travailler ? L'officier prussien avait disparu. Aimable et disert, Haydock répondait, incarnation idéale du marin britannique. Mais Tommy, qui le regardait d'un œil neuf, se demandait comment il avait jamais pu s'abuser à ce point. La nuque à bourrelet... la mâchoire aux angles durs... Rien de Britannique là-dedans... Mr Meadowes finit par se lever. C'était l'ultime épreuve. Pourrait-il réussir sa sortie ? — Il faut que je m'en aille, dit-il. Il est déjà bien tard. Je suis vraiment confus pour ce fâcheux incident, mais je vous donne ma parole que je n'en soufflerai mot à qui que ce soit. «Ça passe ou ça casse, pensa Tommy. Il me laisse partir, ou pas. Préparons-nous à toute éventualité... Un direct au menton serait tout indiqué Jacassant à perdre haleine, portrait de l'imbécile heureux, Mr Meadowes faisait route vers la sortie. Le hall... La porte d'entrée grande ouverte... Sur sa droite, dans l'office, un regard rapide lui montra Appledore en train de préparer un plateau pour le petit déjeuner du lendemain matin. Les fous !... Ils allaient le laisser partir !... Haydock et Tommy s'attardèrent sur le seuil, bavardant avec animation, décidant d'une prochaine partie pour le samedi suivant. «Pour toi, mon bonhomme, se murmura Tommy in petto, il n'y aura pas de samedi prochain...» (à suivre...)