Décadence n Sur les 1 400 foggaras que comptait le sud du pays, il n'en reste plus que 900, «et peut-être moins», selon Remini Boualem, professeur et chercheur à l'université de Blida. Les foggaras sont localisées au niveau des oasis limitrophes du sud-ouest du grand Erg occidental, et les ksouriens, a expliqué ce chercheur présent à Sidi Bel Abbes dans un cadre professionnel, ont creusé plusieurs kilomètres de galeries. «C'est à partir de ces techniques que les agriculteurs irriguent leurs palmeraies depuis des siècles.» La foggara est une société vivante où il existe la partie technique telle que la galerie de captage, et la répartition du débit basé sur un mode social, a-t-il souligné, déplorant le fait que plusieurs facteurs ont été à l'origine de la disparition de ce patrimoine. Les recherches réalisées sur le terrain, ont révélé qu'à partir des années 50, les foggaras commençaient à se dégrader et à perdre de leur importance, suite à la modernisation des systèmes d'irrigation et l'apparition des forages profonds. «La foggara est une invention qui a révolutionné le monde hydraulique. C'est peut-être l'avancée technologique la plus importante de toute l'histoire de l'hydraulique. Elle a permis le passage de captage des eaux souterraines avec une volonté physique au captage des eaux sans énergie», a t-il expliqué. Selon le chercheur, le creusement d'une foggara s'effectue selon des conditions hydrogéologiques et topographiques. Tout simplement, il faut que les jardins et la palmeraie à irriguer se trouvent au-dessous du niveau piezométrique (surface, niveau supérieurs) de la nappe pour créer un écoulement. Les foggaras, développées techniquement en Iran depuis plus de 3000 ans et qui se sont propagées dans plus de 30 pays de la planète, notamment l'Algérie, sont considérées comme un véritable patrimoine mondial, qu'il faut absolument protéger et sauvegarder, a-t-il estimé, tout en rappelant les raisons de leur dégradation, notamment les problèmes d'ordre technique et social. «Il s'agit, entre autres problèmes, de l'effondrement des galeries, l'ensablement des séguias et la mise en place des forages près des foggaras», a souligné le chercheur, ajoutant que l'autre problème qui menace ce patrimoine, est l'exode des populations et la non-transmission de cette technique aux jeunes. Ce patrimoine qui continue à faire l'admiration des observateurs, est, aujourd'hui, menacé de disparition, a-t-il déclaré tout en tirant la sonnette d'alarme pour sa préservation, dans le but de faire revivre ces foggaras, grâce notamment à l'entretien et à la réhabilitation.