En l'absence de statistiques officielles, nous nous référons exclusivement à la recherche faite par notre psychiatre, le Dr Mahmoud Boudarène. «Un suicide en Algérie toutes les 12 heures», rapportent certains quotidiens. Ce chiffre peut inquiéter, mais cela fait 728 décès par an. Rapporté à la population du pays (30 millions d'habitants environ) le taux est de 2,4/100 000 habitants. Ce chiffre n'est pas officiel et il doit être en deçà de la réalité, relève le spécialiste. «Le nombre de suicides doit certainement être plus important. Les rapports faits, ici et là, par les services qui traitent directement des cas de suicide à savoir la gendarmerie, les services de police, la protection civile, etc. ne possèdent pas les informations complètes et indispensables à un diagnostic précis du phénomène», précise-t-il. En France, il y a un suicide toutes les 40 minutes. Soit 12 000 suicides/an. En moyenne, 20/100 000 habitants. La réalité du suicide chez nos voisins du Maghreb reste cependant méconnue. En Algérie, un taux de 3 à 4 suicides/100 000 habitants est officieusement avancé, lit-on dans l'article médical consacré à ce fléau par le dr Boudarène. Dans le monde, il y a un suicide toutes les 40 secondes et une tentative de suicide toutes les trois secondes. Les hommes se tuent plus souvent, trois hommes pour une femme. Le taux est inverse en ce qui concerne les tentatives de suicide. Autrement dit, «les femmes tentent de se suicider trois fois plus souvent que les hommes. Mais globalement, les tentatives de suicide sont 10 à 15 fois plus fréquentes que les suicides accomplis», révèle notre interlocuteur. De son point de vue, le sujet de sexe féminin est moins exposé socialement à l'échec. C'est ainsi qu'il explique le fait que le phénomène soit moins observé chez la gent féminine. La tentative de suicide concerne, selon lui, essentiellement la jeune fille. Comme on peut l'imaginer cela reflète une souffrance enfouie et un manque de communication certain au sein de la cellule familiale. Il tient enfin à préciser que «la tentative de suicide n'a pas valeur de désir de mort. Encore que la mort peut être au bout de la tentative, en particulier quand il y a répétition et quand la détresse de la personne n'est pas entendue et n'est pas prise en charge».