"Décharges" La capitale croule sous les ordures. On n?a pas besoin d?être alarmiste parce que le constat est déjà alarmant. Les rues d?Alger se sont transformées en dépotoirs où les ordures se disputent la place aux passants. Devant le laxisme des autorités, les décharges sont créées à une allure surprenante. Une balade dans les rues montre aisément à quel point la première ville du pays est sale. Le décor est le même partout, jusque devant la présidence ! A une cinquantaine de mètres, des déchets emballés par les employés de la voirie y ont été abandonnés toute une journée. La saleté est telle qu?on n?arrive plus à la cacher au regard de l?autorité suprême du pays. La peste est revenue pour en témoigner. Au pied du bâtiment n° 14 de la rue Ibn-El-Khatib, une souris morte gît devant l?entrée où sont jetés des tuyaux. En face, sur le trottoir, une citerne et un cumulus, dont s?est débarrassé un habitant, côtoient des sacs-poubelles. Rue Nocard, adjacente aux rues Capitaine Mennani d?un côté et Didouche-Mourad de l?autre, un amas d?ordures putréfiées semble dater de plusieurs jours. Les plus récentes sont emballées par la municipalité selon des habitants qui reconnaissent ces grands sacs verts. Dans cette impasse en forme de cour, une odeur nauséabonde emplit l?air. Une habitante nous informe ne pas connaître le moment du ramassage. «On ne les (les éboueurs ndlr) voit pas. Ils passent peut-être la nuit», nous dit-elle, tout en avouant qu?elle ignore depuis quand cet amas est là. « Je ne l?ai pas remarqué. En fait, nous y sommes tellement habitués que c?est lorsque nous ne voyons pas de décharges que nous sommes étonnés.» Une plaisanterie qui en dit long sur la mentalité des Algériens quant à leur environnement. Plus loin, la rue Khelifa-Boukhalfa, l?une des rues les plus sales avec ses nombreuses décharges, ses déchets et les bouteilles qui bordent les deux côtés de la chaussée. Devant l?entrée principale du marché Ali-Mellah, le dépotoir de Net-Com cache des eaux stagnantes. Vendeurs à la sauvette et clients semblent indifférents aux odeurs et aux mouches. Non loin du ministère des Finances, à la rue Hassiba-Ben-Bouali, des gravats sont jetés à même le trottoir, devant le bâtiment n° 5. A la cité La Concorde (Est), le tableau n?est pas reluisant. La décharge tolérée croule sous les déblais et les objets encombrants, alors qu?un panneau de l?APC invite les riverains à adopter les poubelles. A quelques dizaines de mètres, à l?entrée d?une coopérative immobilière récente, une décharge sauvage a été créée par un marchand de légumes. Le commerçant s?est reconverti, mais la décharge est restée.